Les Québécois ont élu le Parti québécois dans une volonté de changement et non en vue d'une séparation avec le reste du Canada, a commenté jeudi le premier ministre Stephen Harper.

Selon le premier ministre Harper, il n'y a pas d'autres façons pour la population du Québec ou le PQ d'interpréter les résultats électoraux. Un vote pour le changement ne donne pas au Parti québécois le mandat d'aller de l'avant avec son projet d'indépendance, a-t-il déclaré lors d'une entrevue télévisée avec l'agence Bloomberg, en précisant que les résultats du vote, soit 54 sièges obtenus sur 125, ne sont pas assez solides pour persister dans son objectif de séparation. La victoire par quatre circonscriptions serait «bien trop mince» pour défendre un projet d'une telle importance.

«Les citoyens québécois ont voté pour un changement, ont exprimé un fort désir de changement. En même temps, je crois qu'il est clair qu'ils rejettent toute forme de mandat de faire la séparation du Québec ou la division du pays, a souligné le premier ministre. C'est certainement de la façon dont nous interprétons cette victoire et c'est ainsi que le gouvernement du Québec devra l'interpréter, d'une manière ou d'une autre.»

Il s'agissait du premier commentaire public du premier ministre canadien depuis l'élection de Pauline Marois à la tête de la province, dans un gouvernement minoritaire, mardi.

Stephen Harper s'adressait à un groupe sélect d'hommes d'affaires de Vancouver avant leur départ pour la 20ème réunion informelle des dirigeants de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC) qui débutera le 8 septembre à Vladivostok, une ville de l'Extrême-Orient russe.

Le premier ministre a conclu en disant qu'il avait indiqué à Mme Marois que son gouvernement allait continuer de défendre les intérêts économiques du pays en créant des emplois, de façon à maintenir la croissance à long terme du pays.

La défaite et la démission du premier ministre libéral Jean Charest ont fait perdre aux fédéralistes une voix importante au Québec.

Mme Marois a déjà indiqué qu'elle comptait demander à Ottawa la gestion entière de l'assurance-emploi en plus de pouvoirs additionnels pour l'aide extérieure, la culture et les programmes sociaux.

Stephen Harper s'est aussi fait l'écho de conservateurs de longue date qui ont dit espérer que des efforts soient faits en vue de trouver un terrain commun d'entente entre Québec et Ottawa, cela dans l'intérêt du Québec et du Canada.

Un pilier du gouvernement, le ministre de l'Industrie et lieutenant au Québec, Christian Paradis, a répliqué de son côté qu'il était disposé à discuter, mais que tout ce qui nécessitera un changement constitutionnel comme l'assurance-emploi ne fera pas pas partie de ces discussions. «Nous sommes sur la bonne voie, nous avons l'intention de poursuivre dans cette direction», a affirmé un des cinq députés conservateurs du Québec à avoir été élus.

Si les requêtes du gouvernement péquiste sont tout bonnement de «saboter» le gouvernement fédéral, évidemment, nous n'arriverons pas à nous entendre, a-t-il conclu.