Le premier ministre Stephen Harper n'a pas le mandat de démanteler la fédération au gré des éventuelles demandes d'un gouvernement péquiste, ont mis en garde les libéraux fédéraux au lendemain des élections québécoises.

Réunis en caucus à Montebello, en Outaouais, les députés et sénateurs du Parti libéral du Canada (PLC) ont d'abord exprimé leur tristesse et leur consternation face à la fusillade survenue au Metropolis tôt mercredi matin.

Ils ont également félicité Pauline Marois pour son élection en tant que première femme à être élue première ministre dans l'histoire du Québec.

Mais ils ont lancé un avertissement à cette dernière et à Stephen Harper: à leur avis, il devrait être hors de question de céder aveuglément aux demandes de rapatriement de pouvoirs fédéraux que le Parti québécois a promis de présenter à Ottawa durant la campagne.

« M. Harper n'a aucun mandat pour démanteler cette fédération, a lancé le chef intérimaire Bob Rae. Il n'a pas fait campagne là-dessus. »

« Si vous pensez que de nourrir la bête est un moyen de résoudre le problème... Ça ne résoudra pas le problème », a ajouté M. Rae.

La branche réformiste du Parti conservateur, de laquelle Stephen Harper est issu, a traditionnellement réclamé un plus grand transfert de pouvoirs du fédéral vers les provinces.

Le député québécois Stéphane Dion est du même avis que son chef: « J'espère que Mme Marois va bien voir que son mandat ne l'autorise pas à arriver avec des revendications radicales, a-t-il dit. De toute façon, ce n'est pas dans l'intérêt des Québécois. Et M. Harper n'en a pas le mandat.

« M. Harper n'a pas été élu pour transférer des pans entiers de responsabilités - la culture, la langue, les communications, l'assurance emploi - aux provinces, a poursuivi M. Dion. Ça serait aussi un branle-bas administratif très complexe, au moment où nos gouvernements doivent centrer leur attention sur le ralentissement économique mondial. »

Le député Justin Trudeau, qui pourrait éventuellement se lancer dans la course à la direction de son parti, a été moins ferme que ses collègues à cet égard. Selon lui, les résultats du scrutin de mardi sont un « message que les Québécois ne veulent pas continuer dans les divisions ». Le député de la circonscription montréalaise de Papineau a ajouté : « Je la crois sur parole (ndlr: Pauline Marois) quand elle dit qu'elle veut être la première ministre de tous les Québécois ».

Pas d'excuse ou de justification

Comme plusieurs de ses collègues, M. Trudeau s'est montré profondément troublé par la fusillade qui a fait un mort et un blessé, lors du rassemblement de la victoire du PQ, à Montréal.

« Il n'y a pas un politicien dans ce pays qui n'est pas en train d'avoir une conversation difficile avec ses proches. Mais on ne peut pas se laisser apeurer dans notre désir de servir notre communauté et notre pays par des individus qui ne représentent pas labeauté et l'unité des valeurs des Canadiens », a-t-il lancé.

« Il ne peut jamais y avoir d'excuse ou de justification pour la violence », a pour sa part tranché Bob Rae.