Les fonds publics n'ont pas à financer des organismes qui s'opposent aux politiques du gouvernement, a déclaré le premier ministre Stephen Harper, ce jeudi, au moment où des politiciens issus de son propre parti dénonçaient sa décision de fermer un organisme de consultation en environnement.

Un groupe qui comprend d'anciens élus conservateurs et la chef du Parti vert, Elizabeth May, a dénoncé les politiques environnementales du gouvernement Harper, jeudi. Il critique en particulier sa décision d'abolir la Table ronde sur l'environnement et l'économie (TRNEE), un organisme indépendant créé en 1988 par le gouvernement Mulroney chargé de conseiller le gouvernement fédéral.

Au fil des ans, la TRNEE a produit une série de rapports appelant Ottawa à agir sur des sujets aussi variés que les terres contaminées, l'eau et les changements climatiques.

L'ex-député conservateur Bob Mills, qui a représenté la circonscription albertaine de Red Deer pendant 15 ans, est de ceux qui dénoncent la fermeture de l'organisme. M. Mills est issu de l'aile réformiste du parti, souvent présentée comme moins sensible aux questions environnementales.

«Stephen Harper met d'autres priorités avant l'environnement, et je crois que c'est une erreur», a dénoncé M. Mills.

De passage à Paris, jeudi, le premier ministre Stephen Harper a affirmé que les fonds publics ne devraient pas servir à financer des organismes qui s'opposent à la politique du gouvernement.

«Si nous dépensons sur des organisations qui font des choses contraires à la politique du gouvernement, je crois que c'est un usage inapproprié des fonds publics et nous chercherons à l'éliminer», a-t-il déclaré.

«Si vous êtes intelligent, vous vous entourez de gens intelligents, a rétorqué Bob Mills. Si vous êtes stupide, vous vous entourez d'une bande de meneuses de claques.»

En plus d'abolir la TRNEE, le projet de loi C-38 sur le budget consacrera le retrait du protocole de Kyoto, donnera au gouvernement le pouvoir de faire fi des évaluations environnementales et réécrira la Loi sur les pêches.

L'ancien ministre progressiste-conservateur de la Nouvelle-Écosse, Mark Parent, se dit convaincu que plusieurs membres du parti de Stephen Harper désapprouvent l'approche de leur chef sur l'environnement.

«Il y a eu une diminution de la démocratie, une centralisation du pouvoir entre les mains des premiers ministres fédéraux et provinciaux, une tendance qui a débuté sous Trudeau, a-t-il dit. C'est malheureux, et c'est pourquoi je crois qu'il n'y a pas davantage de dénonciations venant du caucus conservateur.»

Un autre conservateur s'est élevé contre le projet de loi C-38 la semaine dernière. Tom Siddon, ministre conservateur des Pêches de 1985 à 1990, s'est insurgé contre la refonte de la Loi sur les pêches lors d'un passage devant un comité parlementaire.

«Si les poissons ne sont pas contents ou en santé dans leur habitat, vous pouvez parier que nous ne serons pas contents et en santé non plus», a-t-il dit, au sujet des modifications proposées à la Loi sur les pêches, qui introduisent «pleins de trous qui permettent de soutirer certains habitats ou certains types de poisson de l'application de la loi».

Il a accusé le gouvernement Harper de «nous renvoyer dans les années 1970».

Avec la collaboration de Charles Côté