Le gouvernement Harper s'insurge contre une exposition pour adolescents sur le sexe qui a pris l'affiche à Ottawa, hier. Une exposition qui a pourtant été créée par un musée fédéral à Montréal, et qui a remporté un prix d'excellence lorsqu'elle a été présentée au Québec.

Plus de 200 personnes ont franchi les tourniquets du Musée des sciences et de la technologie du Canada, hier matin, pour voir Sexe: l'expo qui dit tout. C'est deux fois plus de visiteurs qu'une exposition temporaire attire normalement un jour de semaine.

Pendant que les visiteurs affluaient, l'opposition accusait le gouvernement Harper de censure. C'est que le ministre du Patrimoine, James Moore, a visité l'exposition avant son dévoilement au public. Et selon lui, il s'agit d'un «gaspillage de l'argent des contribuables».

M. Moore a appelé la direction du musée, une institution fédérale, pour lui exprimer son désaccord. Même si le ministre ne le lui a pas demandé formellement, le Musée a par la suite relevé l'âge d'entrée à l'exposition. Les adolescents qui veulent la visiter sans leurs parents doivent avoir 16 ans, plutôt que 12. La direction a aussi retiré une vidéo portant sur la masturbation.

«Il n'est pas approprié pour de jeunes enfants d'être exposés à du matériel sexuellement explicite sans le consentement de leurs parents, a expliqué James Moore aux Communes. J'ai fait connaître mon point de vue au Musée. Le Musée peut prendre ses propres décisions.»

L'affaire a provoqué un débat acrimonieux aux Communes. Une députée conservatrice a dû s'excuser parce qu'elle avait accusé une néo-démocrate de ne pas être en position de poser une question sur ce dossier puisqu'elle n'a pas d'enfants.

«On est rendus que le gouvernement se mêle de ce qu'on peut montrer dans les musées, a dénoncé le chef du Nouveau Parti démocratique, Thomas Mulcair. C'est très préoccupant.»

Sexe: l'expo qui dit tout a été créée par le Centre des sciences de Montréal - un autre musée fédéral. L'exposition a remporté le prix d'excellence de la Société des musées québécois, l'an dernier.