Des membres du caucus pro-vie du Parti conservateur font campagne dans les églises pour relancer le débat sur l'avortement.

L'action coïncide avec un appel lancé par la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) lundi pour inciter les fidèles à exprimer davantage leurs convictions sur la place publique, y compris dans les débats politiques.

Ces messages ont été entendus à Bourget, petite municipalité entre Montréal et Ottawa, en Ontario. Depuis dimanche dernier, le prêtre des paroisses Sacré-Coeur et Saint-Pascal-Baylon appelle ses fidèles à signer une pétition contre l'avortement, qui lui a été envoyée par le député conservateur local, Pierre Lemieux.

Cette pétition appelle le gouvernement à modifier l'article 223 du Code criminel, afin de donner le statut d'être humain au foetus, ce qui ouvrirait la porte à la criminalisation de l'avortement.

«Nous avons reçu une lettre du député Pierre Lemieux, a expliqué le père Édouard Ntiyankundiye. J'ai encouragé les paroissiens à signer la pétition.»

M. Lemieux n'a pas donné suite à nos demandes d'entrevue. La pétition en question émanait de l'un de ses collègues conservateurs, Stephen Woodworth. Autre député de l'Ontario, M. Woodworth est l'instigateur de la motion 312, qui vise à créer un comité pour étudier le statut légal du foetus au Canada.

Une recherche sur l'internet permet de trouver des publicités pour quelques discours prononcés par M. Woodworth dans des églises des environs de sa circonscription de Kitchener. L'un d'eux est prévu pour mardi prochain à l'assemblée pentecôtiste de Waterloo.

Joint par La Presse, le député de Kitchener-Centre a indiqué qu'il n'y avait pas de stratégie concertée de sa part ou des autres membres du caucus pro-vie pour faire campagne auprès des institutions religieuses. «Nous n'avons pas identifié les églises en particulier, mais tant mieux si elles peuvent aider», a-t-il ajouté.

Le vote pour la motion 312 devrait avoir lieu vers l'automne. Mais les chances qu'elle soit adoptée sont minces: le premier ministre Harper a déjà annoncé qu'il se prononcerait lui-même contre.

Lettre pastorale

La conjoncture semble néanmoins favorable à une meilleure coordination entre l'action politique et religieuse. Dans une «Lettre pastorale sur la liberté de conscience et de religion», rendue publique lundi, le Conseil permanent de la CECC a invité les croyants à «enrichir la société de leurs innombrables contributions à la culture, la vie politique et économique, à l'éducation et au domaine de la santé».

En entrevue à La Presse, l'archevêque de Gatineau et porte-parole francophone du CECC, Mgr Paul-André Durocher, a expliqué que cet engagement social pouvait prendre plusieurs formes, dont la forme politique. «Nous invitons les catholiques à prendre la place qui leur revient dans ce processus-là, en tant que citoyens de plein droit», a-t-il déclaré.

Le document ne parle pas expressément des démarches de Stephen Woodworth. Il évoque plutôt des enjeux tels que le droit d'un médecin de refuser de faire des gestes contraires à ses croyances religieuses, comme l'avortement.

«Je suis une directive de l'Église, indique tout de même le père Édouard Ntiyankundiye, de Bourget. En suivant la directive de l'Église, et personnellement comme catholique, j'appuie le droit à la vie.»