Nouvelle tuile pour le ministre de l'Industrie, Christian Paradis. La commissaire à l'éthique et aux conflits d'intérêts, Mary Dawson, ouvre une troisième enquête sur lui, cette fois en lien avec son séjour chez l'avocat et homme d'affaires Marcel Aubut.

En 2009, le ministre Paradis a pris part à un voyage de chasse sur la propriété de M. Aubut, au moment où celui-ci tentait de convaincre le gouvernement fédéral de financer la construction d'un amphithéâtre à Québec. À cette époque, il était responsable des Travaux publics, en plus d'être le lieutenant de Stephen Harper au Québec.

M. Paradis a toujours maintenu qu'il a payé ce voyage de sa poche et qu'il a utilisé son propre équipement une fois arrivé sur les lieux. Le gouvernement Harper a par ailleurs refusé de financer la construction de l'amphithéâtre à Québec.

«La Commissaire m'a informé qu'elle étudie la situation, a indiqué M. Paradis dans une déclaration envoyée par courriel. J'ai respecté la loi et il me fera plaisir de lui fournir tous les faits.»

Le Parti libéral avait porté plainte à la commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique le mois dernier.

«À l'entendre parler, c'était presque une présentation Tupperware, il emmenait son propre lunch et tout ça, a ironisé à l'époque le député Denis Coderre. Connaissant Marcel Aubut, je trouve ça un peu drôle, les sandwichs pas de croûte, mais en tout cas.»

Dans une lettre que La Presse a obtenue, Mme Dawson souligne que la loi «interdit à un titulaire de charge publique d'accepter un cadeau qui pourrait donner à penser qu'il a été donné pour l'influencer dans l'exercice de ses fonctions officielles».

Elle accepte donc d'«entreprendre une étude» sur le dossier.

Le Nouveau Parti démocratique estime que le premier ministre Stephen Harper n'a d'autre choix de montrer la porte à son ministre. Le député de Rosemont-La Petite-Patrie, Alexandre Boulerice, souligne que c'est déjà une troisième enquête sur M. Paradis.

«M. Harper doit considérer que M. Paradis n'a plus la confiance des gens. Il n'a pas non plus le jugement pour exercer son poste de ministre. Donc il devrait prendre ses responsabilités et le renvoyer sur les banquettes arrière.»

Une troisième enquête

Il y a quelques semaines, la commissaire à l'éthique et aux conflits d'intérêts, Mary Dawson, a conclu que Christian Paradis s'est placé en conflit d'intérêts et qu'il a accordé un traitement de faveur à un ancien collègue, Rahim Jaffer.

Les faits remontent à 2009, lorsque M. Paradis a ordonné à un employé d'organiser une rencontre entre M. Jaffer et des fonctionnaires. L'ancien député conservateur souhaitait obtenir un coup de pouce fédéral pour son entreprise. Aucun financement fédéral ne lui a été accordé.

Mme Dawson enquête par ailleurs sur les agissements du ministre Paradis dans un autre dossier, celui d'un immeuble de Thetford Mines détenu par un ex-associé, et dans lequel le gouvernement a un bail jusqu'en 2018. Il a affirmé dans un journal local avoir fait des représentations pour que le centre de traitement des demandes d'assurance-emploi de Rimouski soit déménagé dans cet immeuble de Thetford Mines.