Pour la première fois en 50 ans d'histoire, le Nouveau Parti démocratique sera dirigé par un député québécois. Thomas Mulcair a finalement eu besoin de quatre tours de scrutin pour venir à bout de Brian Topp, devenant ainsi le successeur de Jack Layton.

M. Mulcair a recueilli 57,2 % des votes lors du dernier tour de scrutin, soit 14 points de plus que M. Topp.

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La victoire du député d'Outremont apparaissait de plus en plus comme une formalité, en début de soirée. Il s'est forgé une avance confortable dès le premier tour du scrutin. Et au fur et à mesure que ses rivaux étaient éliminés, il continuait sa marche vers les 50 % plus un nécessaires pour l'emporter.

Dans son discours après sa victoire, le nouveau chef du NPD a d'emblée salué la campagne de ses adversaires, et pris le temps d'accueillir les anciens leaders du parti - Ed Broadbent, Audrey McLaughlin et Alexa McDonough.

Il s'est engagé à faire l'union des forces progressistes au pays sous la bannière du NPD avant les prochaines élections afin de déloger les conservateurs du pouvoir en 2015.

« Notre parti doit aller au-delà de sa base traditionnelle et unir toutes les forces progressistes sous la bannière du NPD »,  a lancé M. Mulcair sous les applaudissements de ses partisans et les chants « NPD, NPD, NPD ».

« En cherchant à unir les progressistes, nous ne le ferons pas en sacrifiant l'unité de notre pays. Pendant trop longtemps, certains de nos dirigeants n'ont rien fait de mieux que de diviser les Canadiens, opposant anglophones aux francophones, l'ouest à l'est. Mais si ces dirigeants ont fait des gains à court terme, le prix à payer est trop lourd pour la nation », a-t-il ajouté.

Dans son discours, M. Mulcair s'est abstenu d'attaquer personnellement le premier ministre Stephen Harper.

M. Topp était visiblement déçu au terme du vote, mais serein malgré tout. Il dit avoir pris grand plaisir à faire campagne, lui qui a été le premier à se lancer dans la course après avoir fait carrière dans les coulisses du NPD.

« Et un score de 43 %, pour un début en politique, ce n'est pas si pire », a-t-il lancé à la blague.

M. Topp assure qu'il n'a pas perdu le goût de la politique, même si les dernières semaines de la campagne ont été le théâtre de débats acrimonieux entre les candidats. Il a assuré qu'il reste un néo-démocrate engagé et convaincu.

La députée Françoise Boivin, qui appuyait M. Topp, estime que son candidat a été handicapé par le fait qu'il ne siège pas à la Chambre des communes.

« Ce n'était pas la fin du monde, Jack Layton avait vécu ça aussi, a-t-elle expliqué. Mais plusieurs personnes ont entendu les commentaires dans les médias selon lesquels il manquait de leadership en Chambre. »

Le chef intérimaire du Parti libéral, Bob Rae, a tenu à saluer la victoire de M. Mulcair. « J'aimerais féliciter Thomas Mulcair pour sa victoire dans la course à la direction du Nouveau Parti démocratique. Je connais bien M. Mulcair et il me tarde de travailler avec lui pour assurer que le Parlement agisse au nom des tous les Canadiens », a-t-il dit.

Le premier défi du chef sera d'unir les troupes néo-démocrates après une course de six mois. Les débats ont été particulièrement acrimonieux dans les dernières semaines de la campagne sur la manière dont le parti doit procéder pour conquérir le pouvoir aux prochaines élections fédérales, prévues en octobre 2015.

Le nouveau chef rencontrera les députés de son caucus dimanche matin afin d'entreprendre son règne. Il a également rendez-vous avec les membres du conseil fédéral, l'instance suprême du NPD.

M. Mulcair n'aura pas le temps de célébrer sa victoire très longtemps. Dès lundi, il devra affronter le gouvernement Harper à la Chambre des communes. Celui-ci doit présenter jeudi un budget comportant d'importantes compressions pour éliminer le déficit d'ici trois ans.

Le premier duel entre M. Mulcair et Stephen Harper - un affrontement fort attendu, d'ailleurs - n'aura lieu que mercredi au plus tôt, le premier ministre étant actuellement en voyage à l'étranger.