S'il remporte la course au leadership du Nouveau Parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair compte se servir de son expérience dans l'opposition à Québec pour faire contrepoids au gouvernement Harper. Car, selon lui, le Parti conservateur et le Parti québécois (PQ) partagent des traits communs: ils sont mus par l'idéologie et se croient au-dessus des règles.

Des sept candidats au leadership du NPD, le député d'Outremont martèle qu'il est le mieux outillé pour affronter le gouvernement conservateur majoritaire à la Chambre des communes. Il cite en exemple ses années à l'Assemblée nationale, où il se frottait chaque jour au PQ à l'époque où celui-ci gouvernait la province.

M. Mulcair trace un parallèle entre les gouvernements majoritaires de Lucien Bouchard et de Bernard Landry ainsi que celui de Stephen Harper.

«Dans les deux cas, il se dégage une impression qu'ils sont là pour desservir une cause et que les moyens peuvent être justifiés parce que la fin poursuivie est une cause, a-t-il affirmé lors d'un entretien plus tôt cette semaine. Donc pour eux, la fin justifie les moyens.»

Comme leader parlementaire adjoint du Parti libéral provincial, M. Mulcair s'est forgé une réputation de bagarreur en affrontant quotidiennement le gouvernement péquiste. Il l'a notamment attaqué sur la compilation des votes au référendum de 1995. Il a aussi été condamné à verser 95 000$ au ministre Yves Duhaime pour l'avoir traité de «vieille plotte» après un débat télévisé au cours duquel il l'a accusé d'avoir fait du trafic d'influence.

«Pire cauchemar»

M. Mulcair, qui s'est décrit comme le «pire cauchemar de Stephen Harper» dans une entrevue au Devoir, souhaite importer au NPD les stratégies qu'il a peaufinées à Québec.

«On rentrait très, très tôt le matin pour préparer nos périodes de questions, relate-t-il. On avait des périodes de questions qui étaient le fruit d'énormes recherches. On était très structurés, côté recherche. C'est quelque chose que je veux amener si je deviens chef.»

Le député d'Outremont souhaite ainsi battre Stephen Harper sur son propre terrain: celui de définir ses adversaires politiques. Les observateurs ont maintes fois relevé l'efficacité des publicités négatives lancées par les conservateurs contre les leaders libéraux. Plus récent exemple, une publicité attaquant le bilan du chef libéral par intérim Bob Rae lorsqu'il dirigeait l'Ontario.

Le NPD prévoit lancer une campagne publicitaire dès lundi afin de contrer une éventuelle offensive conservatrice à l'endroit de son nouveau chef.

Les militants du parti se réunissent à Toronto en fin de semaine pour nommer le successeur de Jack Layton. Outre M. Mulcair, Brian Topp, Nathan Cullen, Peggy Nash, Paul Dewar, Niki Ashton et Martin Singh sont dans la course.