Les pétrolières ont été consultées, mais pas les pêcheurs, affirme le Nouveau Parti démocratique (NPD), alors que des changements à la loi sur les pêches sont envisagés par Ottawa.

Le NPD s'en est pris à nouveau, jeudi aux Communes, au ministre des Pêches et des Océans, Keith Ashfield, après avoir eu vent que le gouvernement envisageait d'éliminer ou de réduire certaines protections environnementales actuellement inclues dans la loi.

Affirmant au Parlement que «la loi sur les pêches va beaucoup plus loin que nécessaire pour protéger les poissons et leurs habitats», le ministre Ashfield semblait ainsi signaler que le statu quo n'était pas une option.

Il a même déclaré que la loi pénalise indûment les Canadiens.

Il citait ainsi à l'appui le cas d'un fermier du Québec qui a reçu en 1993 une amende de 1000 $ pour avoir asséché son champ alors que quelques poissons s'y trouvaient malencontreusement. Selon ce qu'a rapporté le ministre, lors d'une inondation subséquente, ce même fermier avait dû obtenir un permis, sinon il se serait vu imposer une amende 100 000 $.

Le ministre a aussi souligné le mécontentement de la Colombie-Britannique face à certains aspects de la loi.

Le sujet a rebondi aux Communes cette semaine, notamment après que le Pacific Free Press ait publié les propos d'un ancien fonctionnaire du ministère qui sonnait l'alarme sur les intentions du gouvernement. Le sujet a aussi été traité cette semaine lors d'un comité des Communes sur les pêcheries.

Selon le NPD, les conservateurs veulent se débarrasser des règles environnementales - qui interdisent toute intervention dans l'«habitat» du poisson - pour faire adopter à toute vitesse leurs projets de pipelines et de superpétroliers.

Le chef intérimaire du Parti libéral, Bob Rae, avait dénoncé aussi mercredi les intentions présumées des conservateurs au sujet de la loi sur les pêches, affirmant qu'ils procèdent à une attaque en règle contre l'environnement.

M. Ashfield maintient toutefois qu'aucune décision n'a encore été prise par le gouvernement, mais que les politiques font actuellement l'objet d'une révision. Il est donc impossible de savoir quels changements sont pressentis.

Mais le député néo-démocrate de Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine, Philip Toone, déplore que les pêcheurs, dont c'est le gagne-pain, n'aient pas été consultés.

«Les lobbyistes ont été consultés mais pas les Canadiens. Les conservateurs veulent apporter de façon sournoise des changements au budget», a-t-il lancé jeudi au ministre Ashfield.

Car le député néo-démocrate craint aussi que les changements à la loi ne soient enterrés dans le prochain budget, qui sera dévoilé le 29 mars.

«Il faut un développement pétrolier au Canada, c'est clair. Mais il ne faut pas le faire au prix qu'on mette en danger les communautés côtières», dit M. Toone, qui s'inquiète des effets d'un déversement de pétrole.

Il n'est pas nécessairement contre des changements à la loi, mais après une vraie consultation.

M. Toone a toutefois signalé qu'une consultation en ligne était faite auprès des Canadiens, mais il l'estime insuffisante, parce que les pêcheurs ne sont pas au courant, et aussi parce que le projet n'est pas expliqué aux gens avant de recueillir leurs commentaires.

Sur le site du ministère des Pêches et Océans, un avis de consultation est en ligne depuis la semaine dernière et avise effectivement les Canadiens qu'ils peuvent formuler des commentaires, mais aucun lien Internet ne permet de le faire.

«On est sur le point qu'on va peut-être avoir une relance (de la pêche) au Canada, a dit M. Toone. Ce n'est pas le moment de faire des changements sans réflexion.»