Le gouvernement Harper fait fausse route en voulant imposer des peines minimales dans sa lutte contre le trafic de marijuana. C'est le message que lance un groupe de leaders internationaux, dont l'ancienne juge de la Cour suprême du Canada Louise Arbour, dans une lettre rendue publique hier.

La Global Commission on Drug Policy, dont font aussi partie l'ancien secrétaire général des Nations unies Kofi Annan, le milliardaire Richard Branson, l'ancien président brésilien Fernando Cardoso et l'ex-directeur de la Réserve fédérale américaine Paul Volcker, a adressé sa missive au premier ministre Stephen Harper et aux membres du Sénat canadien, qui examinent actuellement le controversé projet de loi C-10.

«Le Canada est sur le point de répéter les mêmes erreurs graves que d'autres pays, s'éloignant encore plus loin sur une voie qui s'est avérée immensément destructrice et inefficace», ont dénoncé les auteurs.

«Construire plus de prisons, ce qui a été fait pendant des décennies aux États-Unis dans le cadre de leur guerre contre la drogue et qui s'est soldé par un échec, ne fait qu'accentuer le problème de la drogue et ne réduit ni l'offre en cannabis ni son taux de consommation», ont-ils ajouté.

«Nous espérons que le Canada adoptera une approche basée sur des faits», ont-ils conclu.

La Global Commission on Drug Policy a pressé Ottawa d'examiner des «mesures plus innovatrices et réalistes» basées sur la taxation et la réglementation de la marijuana plutôt que la prohibition et l'incarcération.

Ce n'est pas la première fois qu'un groupe étranger fait ainsi pression sur le gouvernement fédéral pour qu'il reconsidère l'approche répressive prônée par C-10 en matière de lutte contre la drogue. La semaine dernière, un organisme formé d'anciens et actuels juges, gardiens de prison et chefs de police a lui aussi exhorté les sénateurs à amender le projet de loi et à éviter de reproduire les erreurs commises aux États-Unis par le passé.

Mais tous ces opposants risquent d'être déçus: le projet de loi omnibus en matière de justice criminelle doit être voté au Sénat en troisième lecture d'ici la fin de la semaine, et tout indique qu'il sera ensuite adopté par la Chambre des communes dans les jours qui suivront, sans amendement supplémentaire.