La réforme des pensions qu'envisage le gouvernement Harper pourrait coûter des «dizaines de millions» au gouvernement du Québec et provoquer une «guerre entre les générations» au Canada, selon l'opposition aux Communes.

Stephen Harper n'a toujours pas précisé quels changements il compte apporter aux régimes de pensions fédéraux, mais cela n'a pas empêché l'opposition d'accuser le premier ministre de préférer les chasseurs et les prisons aux aînés. Même le gouvernement Charest s'est invité dans le débat, hier, pour dire qu'il risque de faire les frais d'une éventuelle réforme.

Le gouvernement fédéral laisse entendre depuis la semaine dernière qu'il pourrait hausser de deux ans le seuil d'admissibilité aux pensions de Sécurité de la vieillesse (PSV). Une telle réforme créerait deux classes de citoyens, ont dénoncé en choeur les partis de l'opposition, hier: ceux qui auront droit à leur retraite à 65 ans et ceux qui devront attendre d'avoir 67 ans.

«Quand on parle de deux catégories, on dit que nos générations futures vont vivre dans la pauvreté ou avoir moins de revenus», a déploré la chef du Nouveau Parti démocratique, Nycole Turmel.

Le NPD déposera aujourd'hui une motion aux Communes pour enjoindre au gouvernement d'exclure la hausse de l'âge d'admissibilité aux PSV.

«Il ne faut pas créer une guerre entre les générations dans ce pays», a pour sa part prévenu le chef libéral Bob Rae.

Stephen Harper martèle depuis lundi qu'il n'est pas question de réduire les rentes des prestataires actuels. Hier, il a accusé l'opposition de mener une campagne de peur. «Ce gouvernement ne va pas couper les prestations de nos aînés, a-t-il réitéré. Je suis très clair: en même temps, nous allons protéger le système pour les générations à venir.»

À ce sujet, le ministre fédéral des Finances a indiqué hier que le prochain budget fédéral n'inclura pas de changements au programme de Sécurité de la vieillesse pour les aînés, mais que de tels changements sont à venir.

Québec craint de payer

Mais les propos de M. Harper n'ont visiblement pas rassuré le gouvernement Charest. La ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Julie Boulet, a affirmé que la réforme du régime des pensions pourrait coûter «plusieurs dizaines de millions» au gouvernement provincial.

Mme Boulet n'a pas été en mesure de fournir un chiffre plus précis hier. Son ministère a toutefois déjà commencé à faire le calcul pour convaincre Ottawa de reculer.

Si l'âge de l'admissibilité aux PSV passe de 65 à 67 ans, cela signifierait que les Québécois les plus pauvres recevraient de l'aide sociale du gouvernement provincial pendant deux années supplémentaires, a-t-elle cependant indiqué.

«Assurément, le gouvernement fédéral devra consulter les provinces parce que ça aura un impact considérable en coûts financiers», a déclaré la ministre.

Le fédéral ne doit pas «fragiliser la situation financière des personnes âgées». «C'est un devoir, un impératif et une responsabilité qu'a le gouvernement fédéral», a-t-elle ajouté.

Au bureau de Diane Finley, ministre des Ressources humaines, on affirme que les projets qui touchent l'économie et la sécurité financière font l'objet de consultation à la grandeur du pays.

«Par contre, a indiqué sa porte-parole, Alyson Queen, nous ne pouvons spéculer sur d'éventuelles consultations à propos d'une politique qui n'a pas encore été annoncée.»