Dans une dizaine de nouvelles publicités télévisées, le Parti conservateur attaque Michael Ignatieff et tente de séduire l'électorat des régions du Québec.

En tout, quatre publicités en français et six en anglais ont été mises en ligne sur le site du parti. On a commencé à les télédiffuser hier, a indiqué un porte-parole qui n'a pas voulu en dire davantage.

Les partis de l'opposition ont dénoncé l'initiative, qu'ils ont décrite comme une campagne de dénigrement improductive, démagogique, sans substance et largement inspirée des tactiques des républicains, aux États-Unis.

«Pour quelqu'un qui ne veut pas d'élections, ç'a l'air de le tenter pas mal», a lancé le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, ironique, en parlant du premier ministre Stephen Harper.

Les publicités francophones ont toutes le même slogan: «Notre région au pouvoir». Deux d'entre elles visent le chef libéral, que l'on accuse de vouloir augmenter les taxes et les impôts et de ne même pas avoir la confiance de ses propres troupes.

Une autre attaque le Bloc québécois, notamment sur le thème de la «montréalisation»: «L'ex-vice-présidente du Bloc trouve Gilles Duceppe trop montréalais, dit-on dans l'une d'elles. En effet, le Bloc a voté contre la création de milliers d'emplois en région, contre des peines plus sévères envers les criminels... Le Bloc est contre des mesures pour arrêter l'immigration clandestine.»

La dernière se veut une mise en garde liée à la possibilité que les partis de l'opposition votent contre le prochain budget et provoquent des élections au printemps. Elle commence par une scène d'émeute, avec cris et sirènes en fond sonore: «Les problèmes à l'étranger peuvent à tout moment nous affecter ici, chez nous, dit une voix hors champ. La reprise économique au pays demeure fragile.» Une musique réconfortante s'installe ensuite, au moment où les images changent pour montrer Stephen Harper au travail dans son bureau du parlement sous un éclairage tamisé. «Les enjeux sont considérables. Pourquoi prendre des risques?» conclut le narrateur.

La même publicité a été reprise en anglais. Autrement, les publicités anglophones touchent en majeure partie Michael Ignatieff, qu'elles critiquent notamment parce qu'il a habité longtemps aux États-Unis. On l'accuse de n'être revenu que pour servir ses propres intérêts.

«J'espère que les Québécois et les Canadiens vont dire: «Ça suffit, on commence à trouver ça fatigant. Arrêtez de nous écoeurer et dites-nous plutôt ce que vous allez faire»», a tonné le lieutenant québécois de Michael Ignatieff, Marc Garneau.

Les publicités en anglais ne font allusion au Bloc que pour dénoncer le fait que les partis de l'opposition ont voulu s'allier aux «séparatistes» pour créer une coalition et renverser le gouvernement, en 2008. C'est d'ailleurs ce sur quoi porte l'unique publicité qui vise le NPD.

«Les conservateurs ont raison d'avoir peur du NPD aux prochaines élections. C'est pourquoi ils diffusent ces publicités», a néanmoins dit un attaché de presse du parti, Marc-André Viau.

«Il est clair que Stephen Harper a abandonné l'idée de faire avancer les choses au Parlement», a-t-il ajouté dans un courriel.