Il semble que plusieurs des alliés du Canada l'aient laissé tomber dans sa tentative d'obtenir un siège non permanent au Conseil de sécurité des Nations unies, cette semaine.

Incapable de recueillir suffisamment d'appuis, mardi, le Canada a dû se retirer de la course devant l'Allemagne et le Portugal.

Selon Richard Grenell, qui a été porte-parole de quatre anciens ambassadeurs des États-Unis à l'ONU, l'administration de Barack Obama n'a pas voulu soutenir les efforts des diplomates canadiens: «Des sources au département d'État affirment que non seulement l'ambassadrice des États-Unis, Susan Rice, a refusé de faire campagne en faveur du Canada, mais qu'elle a donné instruction aux diplomates américains de ne pas s'immiscer dans cette course», a soutenu M. Grenell sur le site de Fox News.

Appelé à commenter les propos de M. Grenell, hier, un porte-parole du département d'État, Philip J. Crowley, s'est borné à dire qu'il s'agissait d'un vote secret et que le Canada est un ami des États-Unis.

Pour sa part, Michel Duval, ambassadeur du Canada à l'ONU de 1997 à 2002, doute que les États-Unis aient boudé le Canada. Aujourd'hui président de l'Observatoire sur les missions de paix et opérations humanitaires de la chaire Raoul-Dandurand, à l'UQAM, M. Duval croit que «c'était dans l'intérêt des États-Unis d'avoir le Canada à la table du Conseil de sécurité».

Selon le quotidien The Globe and Mail, l'Inde a préféré appuyer le Portugal malgré les nombreuses rencontres diplomatiques que le Canada avait organisées dans les derniers mois, et en dépit de l'accord de coopération dans le nucléaire civil de même que des pourparlers pour conclure un accord de libre-échange.

Selon le quotidien, le choix de l'Inde est simple: sa priorité est de devenir membre permanent du Conseil de sécurité, en quoi elle a l'appui du Portugal. Mais le Canada voit d'un mauvais oeil l'élargissement du Conseil.

Campagne contre le Canada

Par ailleurs, à Dubaï, un représentant des Émirats arabes unis a révélé, hier, que son pays avait ouvertement fait campagne contre le Canada à cause de ses pratiques commerciales. Les Émirats arabes unis dénoncent le refus du Canada d'ouvrir davantage son espace aérien aux transporteurs Emirates et Etihad.

Plus tôt cette semaine, en signe de protestation, les Émirats arabes unis ont fermé leur espace aérien au ministre de la Défense, Peter MacKay, au ministre des Anciens Combattants, Jean-Pierre Blackburn ainsi qu'au chef d'état-major de la Défense, le général Walt Natynczyk, qui revenaient d'une visite de trois jours en Afghanistan.

Harper minimise la dégelée à l'ONU

Le Canada ne se laissera pas distraire par le résultat d'un concours de popularité voté en secret par les pays membres des Nations unies, a soutenu hier le premier ministre Stephen Harper.

De passage en Gaspésie, où il espère faire des gains aux prochaines élections, le chef conservateur a minimisé l'ampleur de la rebuffade subie par le Canada mardi à New York dans sa tentative d'obtenir un siège temporaire au Conseil de sécurité des Nations unies.

«Nos positions sur la scène internationale ne sont pas basées sur la popularité, mais sur des principes. Ces principes sont la défense des droits de la personne, la primauté du droit, la justice, le développement et l'aide humanitaire pour les plus démunis», a relaté M. Harper, à Sainte-Anne-des-Monts, où il a annoncé un prêt de 1 million pour une usine de panneaux solaires.

Contrairement à son ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, M. Harper n'a pas cherché à montrer du doigt un bouc émissaire pour expliquer le revers sans précédent du Canada devant les Nations unies.

En début de semaine, M. Cannon avait blâmé le chef libéral Michael Ignatieff pour avoir, selon lui, semé la division et empêché par le fait même le Canada de projeter une «voix unie» auprès des délégués du concert des nations.

Le premier ministre refuse de voir dans cet échec la marginalisation du Canada sur la scène internationale. Il a plutôt laissé entendre que la défaite était le résultat d'obscures tractations de coulisses.

«Notre engagement (international) ne va pas changer à cause du résultat d'un vote secret», a insisté M. Harper.

À Ottawa, les partis de l'opposition ont attribué ce revers au gouvernement conservateur, qu'ils accusent d'avoir miné la crédibilité du Canada dans le monde avec ses politiques internationales impopulaires.

Avec La Presse Canadienne