La pression monte à Ottawa au sujet du registre des armes à feu: à quelques jours d'un vote crucial, le Nouveau parti démocratique (NPD) affirme qu'il y a assez de votes pour le sauver pendant que le gouvernement avertit qu'il sera éliminé, quelque soit le résultat du scrutin.

Le vote au sujet d'un projet de loi conservateur qui vise à abolir l'enregistrement des fusils de chasse s'annonce si serré que quelques votes pourront faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre.

Mais le chef du NPD, Jack Layton, affiche un air confiant quant au résultat du vote depuis la fin du caucus de son parti à Regina cette semaine.

Il a ainsi lancé un dernier appel au premier ministre lors d'un point de presse, jeudi.

«Stephen: tu n'as pas les votes pour faire passer le projet de loi mais tu as le pouvoir de nous aider à corriger le registre et de renforcer le contrôle des armes à feu», a lancé M. Layton.

Mais cette main tendue a été rejetée par le gouvernement.

«On ne concède pas la défaite avant mercredi», a répliqué John Baird, le leader du gouvernement à la Chambre, lors d'un point de presse pour annoncer les priorités du gouvernement pour la rentrée parlementaire.

Et ce n'est pas un résultat de vote défavorable qui va arrêter les conservateurs.

«Évidemment, si on ne le gagne pas, on demeure déterminés à se débarrasser du registre des fusils de chasse», a indiqué M. Baird, tout comme l'a fait M. Harper plus tôt cette semaine.

«C'est une priorité majeure», a-t-il réitéré.

«Si vous êtes sérieux, si vous voulez protéger les Canadiens et corriger les failles dans le registre, on peut régler tout cela au Parlement», a invité le chef du NPD, tout en notant «la dynamique politique n'est plus favorable à Stephen Harper».

Les conservateurs vont tous soutenir le projet de loi privé C-391 de l'une des leurs, la députée manitobaine Candice Hoeppner.

Et puisque tous les députés libéraux et ceux du Bloc québécois vont voter pour préserver le registre dans son intégralité, son sort est entre les mains des néo-démocrates.

Lors du dernier vote sur C-391, 12 députés du NPD l'avaient soutenu.

Ils subissent depuis les assauts constants de ceux qui militent pour le maintien du registre. Tout comme leur chef qui refuse de leur imposer une ligne de parti pour le prochain vote.

Mais M. Layton a réitéré jeudi, tout sourire, qu'un nombre suffisant de néo-démocrates voteront désormais pour sauver le registre.

Semblant lui donner raison, la députée néo-démocrate Carol Hughes a annoncé le même jour qu'elle votera en faveur du registre, ce qui porte à cinq le nombre de députés néo-démocrates - sur les 12 - qui ont changé d'idée.

Ils ont subi les foudres de M. Baird jeudi.

«Les membres du Parlement qui changent leur vote devront rendre des comptes à leurs électeurs pour cela, a-t-il menacé.

«Si on fait des promesses claires et non équivoques dans nos circonscriptions et après on cède à la pression des élites de Toronto, on doit être tenu responsable pour cela», a -t-il affirmé, faisant référence au chef libéral Michael Ignatieff et à M. Layton, tous deux élus dans la métropole torontoise.

M. Baird s'est fait critiquer à son tour par le libéral John McCallum.

«C'est un peu exagéré de voir M. Baird nous critiquer d'avoir requis de nos membres qu'ils votent en faveur du registre lorsque les membres de son parti sont eux-mêmes obligés de voter contre», a-t-il fait remarquer.

M. Layton avait déjà annoncé qu'il va déposer dès la rentrée parlementaire un projet de loi privé pour modifier le registre des armes à feu.

Il souhaite notamment éliminer les peines de prison lorsqu'une personne omet de bonne foi d'enregistrer un fusil pour la première fois. Il vise aussi à réduire le gaspillage en fusionnant le permis de possession et celui d'acquisition d'armes.

C'est pour le mener à bon port que le chef du NPD demande l'aide de M. Harper et des autres partis.

Mais d'ici là, les partis continuent de jouer dur.

Les circonscriptions de certains députés néo-démocrates et libéraux qui avaient soutenu C-391 dans le passé ont déjà reçu - ou doivent recevoir - la visite de Mme Hoeppner qui cherche à les convaincre de continuer d'appuyer son projet de loi.

Quant aux libéraux, ils ont aussi entrepris une tournée - mais eux, pour sauver le registre - se concentrant cependant sur les centres urbains, sans oublier Winnipeg, tout près de la circonscription de Mme Hoeppner.

Il est attendu que le néo-démocrate de la Nouvelle-Écosse, Peter Stoffer, annonce lundi qu'il changera son fusil d'épaule aussi et votera en faveur du registre.

Le NPD aura ainsi gardé le suspense jusqu'à la fin.