Nazim Gillani, homme d'affaires de Toronto dont les liens avec Rahim Jaffer font des vagues depuis plusieurs semaines à Ottawa, a contredit le témoignage de l'ancien député, hier, devant un comité de la Chambre des communes.

Contrairement à ce qu'avaient affirmé M. Jaffer et son partenaire d'affaires, Patrick Glémaud, lors de leur témoignage la semaine dernière, M. Gillani a révélé hier qu'il existait un contrat d'un an entre son entreprise et celle des deux hommes afin que celle-ci trouve du financement gouvernemental pour des sociétés choisies par Nazim Gillani.

 

Lors de leur témoignage, MM. Jaffer et Glémaud ont juré qu'ils n'avaient jamais fait de lobbyisme auprès du gouvernement - ils feraient actuellement l'objet d'une enquête par la commissaire au lobbying.

Ils ont aussi déclaré qu'ils n'avaient signé aucun contrat avec la société de M. Gillani, International Strategic Investments (ISI), et qu'ils avaient coupé tous les liens avec lui depuis des mois.

«M. Jaffer et moi devions voyager en Chine ensemble le 13 avril 2010! a lancé Nazim Gillani. Mais M. Jaffer a déclaré à ce comité la semaine dernière qu'il avait mis un terme à notre relation il y a plusieurs mois... Ce n'était pas vrai.»

Le témoin a précisé que la relation entre son entreprise et celle de M. Jaffer, Green Power Generation (GPG), n'avait aucune visée illégale - admettant du même souffle qu'au moment de signer le contrat, le 21 septembre 2009, il ne connaissait rien aux règles fédérales en matière de lobbyisme.

«Il n'y a jamais, jamais eu de plan pour exercer de l'influence indue ou au noir. Simplement, ils ont dit qu'ils connaissaient la voie dans le labyrinthe gouvernemental», a-t-il dit, ajoutant qu'«ils n'ont jamais obtenu aucune subvention ou aucune somme d'argent pour aucune entreprise» qu'ISI aurait dirigée vers eux.

Le contrat indique entre autres que «le consultant (GPG) garantit et représente qu'il est en dialogue continu et a des liens précieux avec le gouvernement du Canada (...) pour les fins de fournir du financement gouvernemental».

Des commissions à la pièce

Il prévoit aussi que la rémunération de la firme de Rahim Jaffer et Patrick Glémaud serait basée sur un partage des profits pour chaque projet concerné et sur des commissions négociées à la pièce.

Une telle pratique pourrait contrevenir aux normes régissant le lobbyisme au Canada: «La Loi sur le lobbyisme a introduit en juillet 2008 une interdiction au versement d'honoraires conditionnels et d'autres contreparties liées aux résultats associés aux activités des lobbyistes-conseils.

De plus, la Loi interdit aux lobbyistes d'accepter ce genre de rétribution», a expliqué la porte-parole du Commissariat au lobbying du Canada, Nathalie Hall.

Par ailleurs, Nazim Gillani a nié en bloc une série d'allégations ou rumeurs sur son compte, dont voici des exemples:

- Il a reconnu avoir fait une erreur en écrivant dans un courriel que Rahim Jaffer allait lui ouvrir les portes du bureau du premier ministre Stephen Harper. Il dit que M. Jaffer n'a jamais prétendu une telle chose;

- Il a dit ne pas avoir de photo de M. Jaffer et de sa femme, Helena Guergis, en train de consommer de la cocaïne;

- Il a affirmé n'avoir aucun lien avec le crime, «organisé ou désorganisé»;

- Il a juré ne pas avoir de compte en banque dans un paradis fiscal et ne pas avoir aidé le couple Jaffer-Guergis à en obtenir un.