Le Caffè in Gamba devra se défendre devant les tribunaux pour conserver sa raison sociale. L'Office québécois de la langue française (OQLF) a déféré sa cause au Procureur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), qui a décidé de poursuivre le propriétaire de l'établissement de l'avenue du Parc.

La poursuite réclame que le restaurateur ajoute un générique français à deux endroits sur la façade de son commerce ou qu'il change carrément son nom pour Café in Gamba. On lui réclame également deux amendes de 1885$ pour avoir refusé de se conformer à la Charte de la langue française.

Jean-François Leduc a tenté de parvenir à un compromis acceptable. L'expression «la maison de l'espresso» fera son apparition d'ici une semaine et demie sur l'auvent du café. En échange, il espérait ne pas être obligé d'ajouter ces quelques mots sur une autre enseigne beaucoup plus petite, de 60 cm sur 60. «J'aime la langue française, je suis francophone. Si j'avais de l'espace, ça me ferait plaisir de l'ajouter. Mais sur cette affiche, ça va être illisible pour les passants», dit-il.

L'OQLF a suggéré à M. Leduc d'écrire «café» plutôt que «caffè», une idée à laquelle il réfléchit toujours. «J'ai ouvert un café à l'italienne. Je ne suis pas le café, avec un f, de France. On a un commerce d'inspiration italienne et c'est une expérience qui va dans ce sens-là pour les clients», explique-t-il.

«Je n'ai pas le goût de me lancer dans une bataille juridique. Je tiens un café, pas un restaurant. On ne fait pas des milliers de dollars chaque jour. On fait des centaines de dollars. Pour moi, 2000 $, ça peut être quelques jours ou même une semaine de revenus qui vont passer pour les amendes.»

Lundi dernier, l'OQLF a ouvert une enquête interne concernant le processus de traitement des plaintes et l'excès de zèle de certains inspecteurs. L'Office et le bureau de la ministre Diane De Courcy, responsable de la Charte de la langue française, refusent tous deux de commenter le cas du Caffè in Gamba tant que l'enquête sera en cours. Le rapport devrait être rendu public à la mi-mars.

L'OQLF a toutefois précisé que, dans 98 % des cas, les commerces se conforment à la Charte à la suite d'une plainte et que, chaque année, environ 80 dossiers sont déférés au DPCP, qui décide s'il intentera une poursuite.