Le lobby des armes à feu s'organise au Québec contre la création d'un registre provincial des armes à feu. Et il n'écarte pas la possibilité de nouveaux recours judiciaires.

Le week-end dernier, à Drummondville, des membres du groupe québécois «Tous contre un registre québécois des armes à feu» ont voté pour s'affilier à l'Association canadienne des propriétaires d'armes à feu (National Firearms Association (NFA) en anglais). L'organisation, située à Edmonton, compterait plus de 60 000 membres au Canada.

De 200 à 250 personnes seulement étaient présentes à la rencontre, a précisé l'organisateur Shawn Bevins, lui-même membre de la NFA et de la puissante National Rifle Association (NRA) américaine. Mais M. Bevins entend redoubler d'efforts au cours des prochains mois pour amener les propriétaires d'armes à feu québécois, qu'il décrit comme «isolés», à se regrouper pour faire entendre leurs revendications.

«Je crois fermement qu'on a besoin d'une association qui défend nos droits, parce que comme c'est là, au Québec, il n'y a personne», a-t-il déclaré lors d'une entrevue avec La Presse.

Pourtant, dit-il, ce serait dans l'intérêt des propriétaires d'armes à feu. «On est 497 000 au Québec qui ont légalement des permis d'armes à feu. Ça fait quand même une bonne batch de votes, ça!»

Plusieurs semblent partager son point de vue, à en juger par le vote d'affiliation - remporté à 98% - et par certaines interventions publiées sur la page Facebook de son mouvement. «Si on veut une organisation qui s'occupe de ses membres (pas comme les fédérations de tir!), ça nous prend notre NRA canadienne alors, go, go, go, NFA!», a lancé l'un d'eux.

Recours en vue?

Les actions envisagées au cours des prochains mois pourraient prendre plusieurs formes, incluant des interventions publiques, des séances d'information, du lobbying ou des recours devant les tribunaux.

L'an dernier, la NFA a tenté, sans succès, d'intervenir dans le litige qui oppose les gouvernements du Québec et du Canada au sujet de la destruction de données du registre fédéral des armes à feu. Shawn Bevins avait aussi organisé une intervention qui avait échoué dans le dossier.

Lors d'un entretien téléphonique, hier, le président de la NFA, Sheldon Clare, n'a pas exclu la possibilité d'intenter un recours direct contre le gouvernement du Québec s'il tentait de mettre sur pied son propre registre.

«Nous devrions évaluer ce qu'ils présentent, a noté M. Clare. Nous nous prononcerions certainement contre. Nous chercherions aussi des alliés politiques qui seraient prêts à le contester et si c'était adopté, nous considérerions une abrogation avec un changement de gouvernement.»

Comme Shawn Bevins, Sheldon Clare voit un potentiel de croissance important dans la province, où son organisation ne compterait qu'environ 3000 membres. «Nous allons tenter de rehausser notre présence et d'être plus visibles», a dit M. Clare.

«Vous n'avez pas fini d'entendre parler de nous, ça je peux vous le dire!», a lancé M. Bevins.

-Avec Émilie Bilodeau