L'entreprise XL Foods a dû être reprise par une société brésilienne après avoir été à l'origine du plus important rappel de viande de l'histoire canadienne, l'automne dernier, mais les contribuables se retrouvent eux aussi avec une facture.

L'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) a dû mobiliser plusieurs employés pour coordonner le rappel. L'organisme fédéral calcule que cette opération d'urgence a engendré des dépenses de 2,2 millions, selon des documents obtenus grâce à la Loi sur l'accès à l'information.

De cette somme, les coûts supplémentaires - qui n'étaient pas prévus dans les budgets - s'élèvent à 910 000$.

Une quarantaine d'inspecteurs de l'agence sont affectés à l'abattoir de Brooks, en Alberta.

«Les coûts supplémentaires comprennent, entre autres, le paiement des heures supplémentaires et des avantages sociaux, les fournitures supplémentaires pour les laboratoires nécessaires pour répondre aux besoins accrus d'analyses ainsi que les frais de déplacement et de séjour des employés qui doivent travailler à l'extérieur de leur zone de travail habituelle», explique le porte-parole de l'ACIA, Guy Gravelle.

L'établissement albertain a provoqué un branle-bas sans précédent, l'automne dernier, lorsque des dépistages ont révélé la trace de la bactérie E. coli dans des pièces de boeuf. L'éclosion a rendu 18 personnes malades au Canada.

Les autorités américaines ont fermé la frontière au boeuf provenant de l'usine, la deuxième en importance du Canada. L'ACIA a lancé le rappel deux semaines plus tard.

Des centaines de produits du boeuf ont été retirés des rayons des supermarchés.

Le professeur Sylvain Charlebois, de l'Université de Guelph, estime que la facture des contribuables est somme toute «raisonnable», étant donné l'ampleur de l'opération. C'est XL Foods - qui a depuis été reprise par la société brésilienne JBS - qui s'est retrouvé avec le gros de la note, croit-il.

Les supermarchés et les restaurants qui ont dû retirer du boeuf ont également dû payer, indique le professeur. Le Conseil canadien des distributeurs en alimentation n'a pas rappelé La Presse pour en discuter.

M. Charlebois estime que les Canadiens auraient pu devoir éponger une facture beaucoup plus salée si les États-Unis avaient fermé leur frontière à la totalité du boeuf canadien, comme ils l'avaient fait lors de la crise de la vache folle en 2003.

Cette fois, note-t-il, seule la viande provenant de l'usine de Brooks a été visée par les mesures d'urgence.

«À mon avis, on a mûri depuis 2003 et on tente d'adopter une approche beaucoup plus stratégique et circonscrite par rapport aux risques qui émergent de temps à autre avec les rappels», dit-il.

- Avec William Leclerc