La Gendarmerie royale du Canada (GRC) a monté un dossier sur le mouvement «Occupons Ottawa», épluchant les réseaux sociaux et interrogeant même les services de sécurité d'un campus après que des manifestants eurent tenu des réunions de planification dans une université, révèlent des documents récemment publiés.

Des notes de breffage démontrent également qu'il existait un plan pour surveiller le parc de la Confédération - le lieu de la manifestation - en utilisant une caméra installée sur les bureaux voisins de la Commission de la Capitale nationale (CCN).

La publication des détails sur les tactiques de surveillance ne fait que débuter, environ 14 mois après que la police eut expulsé les protestataires du mouvement du Parc de la Confédération, à la fin du mois de novembre 2011. La CCN n'a répondu que la semaine dernière à une demande d'accès à l'information déposée par La Presse Canadienne.

Les militants du mouvement «Occupy Wall Street» qui ont monté des tentes dans le quartier des finances de New York, en septembre 2011, ont déclenché un mouvement mondial à propos de ce que les manifestants percevaient comme un écart social et économique grandissant séparant le 1% des plus riches du reste de la population.

Rapidement, des rassemblements similaires ont eu lieu dans des villes canadiennes, y compris Halifax, Montréal, Toronto, Calgary et Vancouver.

Des notes provenant d'une rencontre tenue avant l'occupation d'Ottawa montrent que des discussions ont mentionné la possibilité que les manifestants ciblent également la colline parlementaire, la résidence du premier ministre au 24 rue Sussex, ainsi que le Bureau du Conseil privé et l'ambassade américaine.

Selon un rapport de renseignements de la GRC, bien qu'une «manifestation pacifique» était attendue à Ottawa, on ne pouvait écarter «des actes de désobéissance et de violence».

Selon Marc-André Marrie, un porte-parole de la division «A» de la GRC, qui est responsable de la région de la Capitale nationale, il est habituel que la GRC effectue ce genre de travail dans le contexte d'une manifestation. M. Marrie ajoute que la police tente toujours de maintenir un contact constant avec les organisateurs de ce type d'événement avant et pendant celui-ci.

Wesley Mark, un expert en sécurité et en renseignement de l'Université de Toronto, a indiqué que la GRC avait dû juger que les manifestants d'«Occupons Ottawa» valaient la peine d'être surveillés.

«Ils ont un mandat judiciaire pour ce faire, et ils ont le pouvoir de le faire», a-t-il dit.

«Je suppose que la question est que la GRC dispose de ressources limitées, et que de nombreuses menaces existent. Il y a dû y avoir une décision au quartier général de la GRC selon laquelle il s'agissait d'une cible potable.»