Comme il l'a fait avec le Registre des armes à feu, le gouvernement Harper se montrera aussi intraitable dans son intention de mettre fin à la subvention de 400 millions de dollars qui a permis, il y a cinq ans, la création de l'escouade Éclipse de la police de Montréal spécialisée dans la surveillance des établissements licenciés de la métropole.

C'est du moins ce qui transpire des propos tenus hier à La Presse par le sénateur conservateur Jean-Guy Dagenais, qui a rejeté sur Québec le fardeau de sauver l'escouade de 46 policiers, qui pourrait disparaître à la fin mars. «Le nouveau ministre québécois de la Sécurité publique, Stéphane Bergeron, vient de couper 22 millions dans le budget de la Sûreté du Québec. Qu'il les donne à la police de Montréal», a suggéré M. Dagenais, qui était président de l'Association des policiers provinciaux du Québec et siégeait à l'Association canadienne des policiers lorsqu'une subvention fédérale de 400 millions sur cinq ans a été consentie pour ajouter 1000 policiers dans les grandes villes canadiennes.

De cette somme, le gouvernement du Québec a obtenu 92 millions, dont 37,5 millions ont été attribués à la police de Montréal. C'est avec cet argent, à raison d'un budget d'environ 8 millions par année, que fonctionne l'escouade Éclipse depuis cinq ans.

«C'était déjà prévu et annoncé que le programme durerait cinq ans. C'est le gouvernement du Québec qui a décidé de donner la plus grosse part du lion au SPVM. Les deux avaient cinq ans pour se préparer», dit-il.

»Tout le monde est surpris»

Même s'il est en vacances, Jean-Guy Dagenais a senti le besoin de communiquer avec La Presse à la suite des sorties du maire de Lachine, Claude Dauphin, du président de la Fraternité des policiers de Montréal, Yves Francoeur, et du président de l'Union des tenanciers de bars de Montréal, Peter Sergakis, visant à faire reculer Ottawa. «Cinq ans plus tard, tout le monde est surpris. C'est drôle, on coupe 22 millions à la SQ et personne ne dit rien. Si le SPVM veut avoir des sous, qu'il demande ces 22 millions qui représentent 110 millions sur cinq ans, soit plus que les 92 millions versés par le fédéral», dit-il.

Jean-Guy Dagenais dit avoir envoyé l'automne dernier une lettre au ministre fédéral de la Sécurité publique, Vic Toews, pour que la subvention soit renouvelée et a essuyé une fin de non-recevoir. Il se dit prêt à organiser une rencontre entre M. Toews et le chef du SPVM, Marc Parent, mais «j'ai rarement vu le gouvernement conservateur reculer sur ses positions», prévient-il.

M. Dagenais dit avoir avisé la direction du SPVM que le gouvernement conservateur est prêt à l'aider sur une base ponctuelle comme il l'a fait par exemple en épongeant les 375 000$ qu'a coûté le rapatriement en avion du présumé meurtrier Luka Rocco Magnotta.

«Cette position est étonnante venant de la part d'un ancien policier. On se serait attendu davantage à ce qu'il défende les intérêts du Québec et appui le maintien de ce Fonds comme le réclament les corps policiers québécois et les municipalités», a confié une source proche du ministre Stéphane Bergeron.