Moins de force, mais plus d'armes à feu. Le dernier rapport annuel de l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC), obtenu en vertu de la loi d'accès à l'information, montre que si les agents des services frontaliers ont connu moins d'incidents violents entre 2010 et 2011, le recours à leur arme de service a été légèrement plus fréquent.

Créée en 2003, l'ASFC s'est dotée d'un programme d'armement en 2006. Cinq ans plus tard, près de 1925 agents sont équipés d'une arme de service, aux postes de frontière, mais aussi dans les bureaux intérieurs de l'ASFC.

Si, en cinq ans, les incidents avec usage de la force ont connu une hausse de 110%, passant de 50 en 2006-2007, à 105 en 2011-2012, on peut observer une légère baisse au cours des deux dernières années.

En 2010-2011, 383 agents ont connu 184 incidents impliquant l'usage de la force. En 2011-2012, ils n'étaient plus que 270 agents, pour 147 incidents. Au Québec aussi, cette baisse a été notable. La province, qui représentait, avec 39 incidents violents, 21% des cas rapportés sur l'ensemble du Canada en 2010-2011, ne totalise plus que 12% un an plus tard, avec 18 incidents.

Au Québec, les incidents ont lieu plus souvent dans les bureaux intérieurs de l'ASFC, sur l'île de Montréal, qu'à l'aéroport Montréal-Trudeau ou aux postes de frontière.

Mais les agents ont plus souvent sorti leur arme de service en 2011-2012 que l'année précédente: on est passé de 37 incidents avec une arme à feu contre 40. Selon l'ASFC, les agents ne dégainent leur arme, qu'ils pointent vers le sol, que lorsqu'ils craignent d'être sévèrement blessés, voire d'être tués.

Comment expliquer le recours aux armes à feu? L'ASFC se refuse à formuler des hypothèses.

«Toutefois, nous pouvons affirmer que les agents de l'AFSC sont préparés et formés pour être capables d'intervenir de différentes façons en cas de situations potentiellement dangereuses», répond, par courriel, l'ASFC.

Des cas plus graves

Le rapport annuel souligne toutefois que les agents craignent de plus en plus pour leur sécurité. Selon l'ASFC, les niveaux de résistance physiques rencontrés sont de plus en plus graves. Alors qu'en 2010, les agents se heurtaient seulement à une simple absence de coopération, un an plus tard, c'est plutôt à une résistance franche: dans 42% des incidents, en 2011, les personnes interpellées par l'ASFC ont tenté de fuir ou de repousser les agents. Dans 28% des cas, les agents ont craint pour leur vie ou leur sécurité: c'est 16 points de plus qu'un an auparavant.

En 2011-2012, l'ASFC a expulsé 16 511 personnes, dont 1914 criminels. Enfin, l'ASFC a fait 10 191 saisies de drogues et a confisqué près de 27 millions de dollars en liquide, 3810 armes prohibées, dont 243 armes à feu.

«De tels contacts impliquent inévitablement des éléments de stress et de confrontation, peut-on lire dans le rapport. Bien que les agents de l'ASFC soient formés pour résoudre ces situations avec des interventions verbales, il peut y avoir des cas dans lesquels il est nécessaire d'avoir recours à l'usage de la force.»

- Avec la collaboration de William Leclerc