Les conditions de vie des peuples autochtones du Canada se détériorent avec les années, et le gouvernement fait peu pour diminuer la violence faite aux femmes dans les réserves. Ce sont les conclusions de l'organisme Amnistie internationale, qui a publié ce matin un rapport accablant pour le gouvernement canadien en matière de droits de la personne.

«Je travaille pour Amnistie internationale depuis 18 ans et, selon moi, la situation s'est considérablement dégradée au Canada. Jamais je n'aurais cru ça possible», avoue d'emblée la responsable des communications de la division francophone d'Amnistie internationale au Canada, Anne Sainte-Marie.

L'organisme déplore que le Canada ne donne toujours pas suite aux 68 recommandations qu'a faites l'Organisation des Nations unies (ONU) dans son dernier rapport, en 2009.

«Tout le monde dans l'appareil gouvernemental à Ottawa se renvoie la balle. Il n'y a pas de responsable des questions qui touchent les droits de la personne. Parfois, c'est le ministère de la Justice, parfois le bureau du premier ministre ou le ministère des Affaires internationales. Il faut qu'Ottawa éclaircisse la situation», croit Mme Sainte-Marie.

Le ministère des Affaires étrangères rejette cette critique du revers de la main.

«Nous trouvons étrange que les rapporteurs spéciaux des Nations Unies consacrent leurs minces ressources à des pays comme le Canada plutôt qu'à des pays comme l'Iran et la Syrie, où les citoyens ne jouissent pas de leurs droits et où ces régimes bafouent sérieusement les droits de la personne», dit le porte-parole Joseph Lavoie.

Des organismes se disent intimidés

Des organismes se disent victimes d'intimidation de la part du gouvernement conservateur. S'ils manifestent ou publient des rapports qui vont à l'encontre de ses intérêts, il réduit parfois leur financement, dénonce Amnistie internationale.

«On a vu des groupes de défense des femmes ou des Autochtones perdre une bonne partie de leur financement dans les dernières années. Parfois, le simple fait de manifester pacifiquement est perçu comme un geste antipatriotique. Il faut dénoncer cette situation», dit Mme Sainte-Marie.

Dans les prochaines années, divers organismes de l'ONU évalueront les mesures que prend le Canada pour améliorer le sort des peuples autochtones. Certaines situations sont urgentes, clame Amnistie internationale.

Les plus récentes données sur les conditions sociales des femmes inuites démontrent notamment que le taux de violence est 14 fois plus élevé dans ces communautés que dans le reste de la société canadienne, alors que seulement 29% des cas de violence conjugale sont signalés à la police.