Resserrer le contrôle des armes à feu est loin d'être la solution pour éviter que des tragédies comme celle de Newton se reproduisent au Canada, estime le lobby canadien des armes à feu. Au contraire.

Dans un bulletin d'information envoyé à leurs membres, l'Institut canadien pour l'action législative et la Canadian Sports Shooting Association (CSSA/CILA) ont plutôt accusé les médias d'«alimenter le cycle de violence» et d'encourager des malades mentaux à appuyer sur la détente, au moment où le débat sur le contrôle des armes fait rage aux États-Unis.

«Le message des médias est trop clair: si vous tuez des enfants, vous pouvez faire pleurer le président à la télévision», peut-on lire dans le courriel obtenu par La Presse. L'organisation parapluie y a sollicité des fonds pour «défendre [les] droits aux armes à feu sur la colline parlementaire, aux Nations unies, dans les assemblées législatives provinciales et dans les cours partout au Canada».

Sheldon Clare, président de l'Association canadienne des propriétaires d'armes à feu (dont le sigle en anglais est la CFA), abonde dans son sens. «Je ne crois pas que le contrôle des armes à feu fonctionne, a tranché M. Clare. Cela n'arrête pas les mauvaises personnes de faire de mauvaises choses.»

Il y a quelques mois, M. Clare a reçu une médaille du Jubilé de la part de Bob Zimmer, son député conservateur à Prince-George, en Colombie-Britannique. Il était un ardent partisan de l'abolition du registre des armes à feu.

Hier, le président de la CFA a fait valoir que le gouvernement Harper devrait aller encore plus loin et abolir purement et simplement les permis de possession d'armes. Il avait écrit une lettre à cet égard au ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, en octobre.

Harper pour le statu quo

Or, cette recommandation pourrait ne pas se concrétiser, du moins pour l'instant. Au cours d'une entrevue diffusée sur le réseau TVA hier soir, le premier ministre Harper a indiqué qu'il n'avait pas l'intention de toucher à cette question des permis. «Le Canada a un système de contrôle des armes à feu beaucoup plus sévère, beaucoup plus strict que les Américains. Nous ne changerons pas les bases de ce système», a-t-il dit.

Quant au processus judiciaire entrepris par Québec pour conserver les données du registre des armes à feu abolies par son gouvernement, il a lancé: «Si les provinces veulent créer un tel système, je ne recommande pas cela. Cela ne va pas marcher. Mais si les provinces veulent le faire, elles ont toutes les compétences pour le faire.»

Ces commentaires du lobby canadien des armes à feu à la suite de la tuerie de vendredi dernier ont coïncidé avec la première sortie publique de la National Rifle Association (NRA) aux États-Unis.