Les villes québécoises où passe le pipeline d'Enbridge veulent obtenir l'assurance que le pétrole de l'Ouest qui y sera transporté n'est pas plus susceptible de provoquer des fuites. C'est du moins le cas des municipalités qui étaient au courant du projet, car certaines d'entre elles n'en avaient jamais été informées par la société.

Au cours des derniers jours, La Presse a pris contact avec huit municipalités qui se trouvent sur la route du pipeline 9B exploité par la société albertaine. La plupart d'entre elles ont reçu des détails de l'entreprise au sujet du projet de 100 millions. Mais pas la totalité.

Enbridge n'a pas avisé la Ville de Montréal qu'elle entend inverser le flux de son pipeline, et ainsi acheminer du brut des sables bitumineux jusqu'aux raffineries qui se trouvent dans l'est de l'île.

«La Ville étudiera le projet si la demande lui est formulée, affirme la porte-parole de la Ville, Valérie de Gagné. Toutefois, la municipalité a des préoccupations sur les impacts environnementaux qu'entraînerait un tel projet.»

Des villes dans l'ignorance

Les administrateurs de Saint-Placide, petite municipalité des Laurentides, ne savaient rien du projet qui touche l'oléoduc souterrain qui traverse le nord de la ville.

«On n'a pas été joints par cette entreprise-là», a indiqué la directrice générale de la municipalité, Lise Lavigne.

Pointe-Fortune, petit village de 500 habitants, a reçu des documents écrits de la société, mais n'a obtenu aucune information supplémentaire depuis.

«Je suis au courant parce que les médias en ont parlé, relate la directrice générale, Diane Héroux. J'attends qu'Enbridge me rappelle. Ils ne l'ont pas fait encore, mais moi, j'ai des questions.»

Du bitume plus abrasif?

Dans la majorité des villes que nous avons jointes, les préoccupations portent sur la matière qu'Enbridge souhaite transporter vers Montréal. Les environnementalistes soutiennent que le bitume extrait des sables bitumineux est plus abrasif, plus corrosif que le brut léger, et donc plus susceptible de provoquer la rupture des oléoducs.

L'industrie pétrolière nie cette affirmation, mais les villes veulent en avoir le coeur net.

«C'est une préoccupation, effectivement, convient Isabelle Lewis, porte-parole de la Ville de Terrebonne. Il y a une expertise plus poussée qui doit être faite. On doit être informés correctement par des gens compétents.»

«Ça me préoccupe, renchérit le maire de Saint-André d'Argenteuil, André Jetté. Je veux être certain qu'il ne va y avoir aucun problème.»

Une rencontre le 26 novembre

Il y a quelques semaines, la branche régionale de l'Union des producteurs agricoles (UPA) a demandé des précisions à Enbridge sur son projet. Or, lorsque la société a organisé des séances d'information publique à Mirabel et à Montréal-Est, en octobre, elle ne l'a pas avisée. À peine une cinquantaine de personnes y ont assisté.

«Le préavis était trop court, donc on n'est pas allés à la rencontre», relate Guillaume Charest-Hallé, conseiller en aménagement de l'organisme.

L'UPA rencontrera finalement des représentants d'Enbridge le 26 novembre.