Un cancer rare a été diagnostiqué chez deux jeunes cadets dans les mois qui ont suivi leur séjour, à l'été 2010, à la base militaire de Bagotville, au Saguenay-Lac-Saint-Jean, a appris La Presse. Après avoir fait enquête, les autorités militaires ont conclu qu'il s'agissait d'une simple coïncidence.

C'est ce que révèle une note d'information datée de juin dernier, adressée au ministre de la Défense, Peter Mackay, par l'ancien chef d'État-major, Walter Natynczyk, et obtenue en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

Cette note indique que lorsqu'ils ont appris la nouvelle, les services de santé des Forces armées canadiennes ont pris contact avec les familles des 75 cadets qui avaient assisté au même cours de survie que les jeunes touchés, afin de s'enquérir de leur état de santé. Aucun autre cas n'a été signalé. Ils ont parallèlement mené des analyses pour déterminer si certains facteurs, comme une infection virale, auraient pu être à l'origine de la maladie.

Ces démarches leur ont permis de déterminer que «tous deux faisaient partie d'un groupe de 12 cadets qui avaient partagé la même tente à Bagotville et qui avaient souffert [d'une maladie non divulguée] vers la fin de leur séjour».

L'enquête n'a cependant pas permis d'établir une cause précise de la maladie. «Aucune preuve n'a été trouvée indiquant qu'un agent infectieux ait été impliqué. D'où le fait que, deux cadets de la même région [information censurée], qui ont suivi le même cours [et] qui vivaient dans les mêmes baraquements, aient été atteints de la même maladie est une coïncidence», peut-on lire dans la note d'information adressée au ministre Mackay.

Leucémie

Évoquant la Loi sur la protection des renseignements personnels, le service des communications de la Défense nationale a refusé de divulguer l'âge, le lieu de résidence et le nom des personnes impliquées, de même que la nature de la maladie dont les 12 cadets ont souffert à la fin de leur séjour. «D'autant plus qu'il s'agit de mineurs et que le consentement des parents serait nécessaire», a fait valoir la major Sonia Nadeau, responsable des affaires publiques.

La relationniste a néanmoins confirmé de quel type de cancer les deux jeunes ont été atteints. «Deux cadets qui ont participé en 2010 à un cours de survie élémentaire au Centre d'instruction d'été des cadets de l'air (CIEC de Bagotville) ont été diagnostiqués d'un type de cancer connu sous le nom de lymphome ou leucémie de Burkitt», a-t-elle indiqué.

Le lymphome de Burkitt peut être lié à une infection virale préalable, notamment par le virus d'Epstein-Barr, lui-même lié à la mononucléose infectieuse. En Afrique, où il est particulièrement répandu, il est aussi associé au paludisme. Cependant, en Occident, «dans la majorité des cas, aucun lien n'a été établi avec des infections virales», affirme la major Nadeau.

«Aucune preuve»

Quoi qu'il en soit, la porte-parole militaire a répété qu'«aucune preuve n'a été trouvée qu'un agent infectieux en était la cause». Elle a précisé que l'enquête avait été menée conjointement avec les agences de la santé publique du Québec, de l'Ontario et du Canada, de même qu'avec le Laboratoire national de microbiologie, situé à Winnipeg.

Les deux mineurs atteints du cancer seraient toujours membres de leur escadron de cadets respectif.

Le Centre d'instruction d'été des cadets de Bagotville a commencé ses activités en 1969. L'été dernier, il a accueilli 1409 cadets et 291 membres du personnel, civils et militaires. Les cours offerts incluent des cours de survie, de musique, d'instruction générale et d'aviation.