Malgré le «massacre» actuellement en cours en Syrie, selon les mots employés par le ministre canadien des Affaires étrangères, John Baird, le Canada ne traite pas en priorité les demandes de parrainage de Syriens par de la famille canadienne.

> Délais de traitement des demandes de parrainage

Les Syriens qui ont la nationalité canadienne ont eu seulement un mois, du 15 décembre 2011 au 16 janvier 2012, pour profiter d'un traitement prioritaire pour faire venir au Canada leurs proches non canadiens.

Pendant cette période, Citoyenneté et Immigration Canada (CIC) et l'Agence des services frontaliers du Canada ont uni leurs efforts pour délivrer «dans un délai de cinq jours civils, la grande majorité des demandes de visa pour les conjoints et les enfants à charge non canadiens de citoyens canadiens», selon une annonce du ministère des Affaires étrangères en décembre dernier.

Le 16 janvier 2012, l'ambassade du Canada en Syrie a fermé ses portes et a confié tous ses dossiers aux ambassades de Beyrouth (Liban) et d'Amman (Jordanie). Le délai de délivrance d'un visa est alors passé à 19 mois à l'ambassade du Canada en Jordanie et à 17 mois à celle de Beyrouth.

Depuis ce temps, la situation n'a pas cessé d'empirer en Syrie. Depuis mars 2011, 35 000 Syriens ont été tués, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme.

Un constat alarmant aux yeux de Sadia Groguhé, porte-parole adjointe du Nouveau Parti démocratique en matière d'immigration: «On a demandé au gouvernement de regarder la situation de ces Syriens de plus près, dit-elle. On veut savoir s'il est possible d'accélérer le processus de réunification des familles.»

Mme Groguhé se dit particulièrement «horrifiée» par le temps que mettent les ambassades à traiter les demandes de parrainage de conjoints et d'enfants à charge. Les antennes d'Amman et de Beyrouth ne sont pas les pires, souligne-t-elle. Les délais sont notamment de 26 mois à Islamabad (Pakistan) et de 31 mois à Nairobi (Kenya). Les coupes budgétaires ont réduit le nombre d'agents. «Ils sont débordés», dit-elle.

Les députés aussi, d'ailleurs. Mme Groguhé, députée de Saint-Lambert, doit parfois intervenir pour aider ses concitoyens empêtrés dans la bureaucratie du CIC.

Les Abdulaziz, eux, se sont aussi tournés vers leur député, Stéphane Dion. Ce dernier, indique son attaché politique Jocelyn Decoste, s'est adressé au ministère de l'Immigration pour savoir s'il est possible d'accélérer le traitement de la demande de parrainage de leur gendre. Or, la grossesse d'Habibeh n'est pas, selon le Ministère, une raison suffisante puisque Habibeh Abdulaziz, qui a la nationalité canadienne, peut rentrer au pays quand elle le veut.

Cependant, si elle accouche en Syrie, le bébé ne disposera pas d'un traitement prioritaire pour la suivre au Canada.

M. Dion, indique son porte-parole, poursuit ses démarches auprès du ministre de l'Immigration, Jason Kenney.

Des précédents

Liban juillet 2006

Le 12 juillet 2006, à la suite d'affrontements entre Israël et le Hezbollah libanais, l'ambassade du Canada à Beyrouth est débordée par les demandes d'évacuation de ressortissants canadiens et de leur famille. Avant la fin du mois d'août, plus de 2000 visas sont délivrés, selon un rapport de CIC remis à un comité sénatorial en 2006. Le Canada «a traité en priorité les demandes de visa présentées par les membres de la famille immédiate des Canadiens et des résidents permanents qui souhaitaient quitter le Liban».

Haïti janvier 2010

À la suite du séisme du 12 janvier 2010, le Canada a accéléré le traitement des demandes d'immigration des personnes touchées en adoptant une série de mesures extraordinaires en collaboration avec Québec. Deux ans plus tard, selon le ministère québécois de l'Immigration, plus de 8400 ressortissants haïtiens, toutes catégories d'immigration confondues (immigration économique, réfugiés, regroupement familial, programme spécial de parrainage humanitaire), ont été accueillis.