Peut-on éliminer des milliers d'emplois dans la fonction publique fédérale sans nuire aux services de première ligne à la population? Non, répondent en choeur syndicats et opposition officielle, tandis que le gouvernement de Stephen Harper assure le contraire.

Plus de 1600 fonctionnaires fédéraux ont reçu à leur tour jeudi la lettre tant redoutée leur annonçant que leur poste pourrait être aboli.

Des syndicats ont confirmé qu'une nouvelle ronde de potentiels licenciements avait été entamée et ont du même coup dénoncé le silence du gouvernement quant à l'impact de ces coupes sur les services aux citoyens.

Ressources humaines et Développement des compétences (RHDDC) est touché de plein fouet. Près de 600 membres de l'Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC) travaillant pour ce ministère ont reçu l'avis les informant que leur emploi était en danger. À cela s'ajoutent 900 professionnels du même ministère et 149 personnes travaillant pour la Gendarmerie royale du Canada (GRC).

Les représentants syndicaux se demandent comment les services aux Canadiens pourraient être épargnés avec de telles compressions, d'autant plus que plusieurs fonctionnaires ayant reçu un avis jeudi travaillent directement aux services à la population.

Heather Miller, présidente d'une unité locale du Syndicat de l'emploi et de l'immigration du Canada, assure que les compressions se traduiront inévitablement par plus d'attente pour les citoyens.

«Ils verront ce qu'ils commencent déjà à voir: des retards dans le traitement de leurs demandes», a-t-elle expliqué.

De l'avis de Mme Miller, cela vaudra tant en matière d'assurance emploi que de prestations de retraite, le programme de sécurité de la vieillesse et le supplément de revenu garanti.

Ces changements sont déjà perceptibles dans le traitement des demandes d'assurance emploi, a avancé la députée néo-démocrate Nycole Turmel. Selon elle, alors que le délai normal tournait auparavant autour de 3 à 4 semaines, ce dernier frise désormais les 12 semaines.

Elle en impute la faute aux compressions: «Ça affecte le milieu de travail, ça affecte le service, ça affecte la famille, ça affecte l'économie de la région (d'Ottawa-Gatineau)», a déploré Mme Turmel.

Au bureau de la ministre des Ressources humaines, Diane Finley, on offre un tout autre son de cloche.

«Les changements annoncés aux employés aujourd'hui ne compromettent pas les services de première ligne aux Canadiens», a écrit dans un courriel la directrice des communications de la ministre, Alyson Queen.

Elle a indiqué que le ministère allait réduire les «dédoublements et l'administration non nécessaire» dans la section des technologies de l'information (TI).

«Cela nous permettra de normaliser nos systèmes et de réduire le soutien requis en TI tout en maintenant les services rendus au ministère et aux Canadiens», a-t-elle ajouté.

Des 5000 employés du ministère des Ressources humaines qui ont reçu cette année un avis, environ 2000 perdront dans les faits leur emploi, a estimé Steve McCuaig, vice-président du Syndicat de l'emploi et de l'immigration du Canada.

Il croit cependant que les lettres reçues jeudi seront les dernières avant le prochain budget du ministre des Finances, Jim Flaherty.

Dans son budget 2012, le gouvernement conservateur avait annoncé l'abolition au total de 19 200 postes en trois ans.