Si les sites de rencontres pour jeunes femmes à la recherche d'un riche protecteur (et vice-versa) gagnent en popularité au Québec, les adhérents sont plus hésitants que leurs voisins américains à y annoncer leur salaire ou à exiger une somme d'argent précise en échange d'une relation.

Sur les sites des États-Unis, l'homme doit généralement indiquer son salaire annuel et la somme qu'il est prêt à dépenser chaque mois pour sa protégée. Les filles, elles, peuvent inscrire avec exactitude ce qu'elles désirent, soit en argent comptant, soit en gâteries, en sorties et en cadeaux.

«Chez nous, on n'est pas rendu là», estime Joan Paiement, directrice de l'agence Intermezzo, qui gère ChicCheri.com. Sur le site web, contrairement aux interfaces américaines, pas de chiffres. Les hommes qui s'y inscrivent ont «réussi», c'est tout ce que les femmes savent avant de les rencontrer ou de leur parler au téléphone. «Rendu là, c'est à eux de décider ce qu'ils souhaitent partager comme information, explique Mme Paiement. Les clients sont plus à l'aise de cette façon.»

Selon elle, beaucoup d'hommes sont hésitants à l'idée de fréquenter une femme qui exige de l'argent. Une pratique qui rebute bien des femmes aussi. Ce que désirent les jeunes Québécoises: des voyages, des cadeaux, des repas au restaurant... «Elles veulent se faire gâter, se faire amener dans de beaux endroits ou graviter dans les hautes sphères de la société», constate Joan Paiement.

Éric, 37 ans, a remarqué une certaine pudeur de la part des femmes québécoises inscrites sur le site auquel il adhère, sugar-daddy.ca, qui permet justement aux membres féminins qui le souhaitent d'indiquer à combien elles estiment leur valeur mensuelle. «La plupart sont gênées de me dire exactement ce à quoi elles s'attendent, note-t-il. Si je leur demande combien elles veulent, elles me répondent: «Et toi, combien es-tu prêt à donner?» Elles me font porter le poids de la décision.» En ligne, elles se contentent d'écrire qu'elles cherchent «du soutien financier».