D'ici quelques mois, les contribuables ne pourront plus se présenter en personne aux comptoirs de l'Agence du revenu du Canada pour poser des questions sur leurs impôts.

Selon des informations obtenues par La Presse, l'Agence fermera tous ses comptoirs de paiements et de renseignements au cours des prochains mois. Quelque 285 employés de l'Agence seront touchés par cette mesure. Ils seront licenciés ou réaffectés ailleurs au sein de l'Agence.

Cette information est tirée d'un communiqué interne du Syndicat des employés de l'impôt, que La Presse a obtenu. Le Syndicat est affilié à l'Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC).

Préjudice

Joint au téléphone, le secrétaire trésorier du conseil régional de Montréal de l'Alliance, Pierre-Wilfrid Landry, trouve cette décision déplorable. «Il y a un préjudice qui va être causé à des Canadiens, c'est certain. Des gens ont besoin d'aide pour les questions d'impôts et ils ne peuvent fonctionner par téléphone ou avec l'informatique», dit-il.

M. Landry donne l'exemple des personnes âgées, des récents immigrants, qui ont parfois des problèmes de langue, ou des contribuables angoissés par les questions fiscales. Nombre de contribuables posent des questions sur leurs acomptes provisionnels, par exemple, ou sur les prestations fiscales pour enfants. Actuellement, ils ne peuvent pas laisser de messages sur une boîte vocale à l'Agence.

Certes, les services aux comptoirs ont une fréquentation considérablement moins grande qu'il y a quelques années, convient M. Landry, mais aujourd'hui, il y aurait toujours des milliers de Canadiens qui y auraient recours chaque année.

Les guichets en région seraient fermés dès octobre prochain, tandis que ceux des grands centres, comme Montréal et Toronto, le seraient en octobre 2013.

Nous avons tenté d'avoir des explications de la part de l'Agence du revenu du Canada, mais l'organisme n'avait pas rappelé en fin de journée.

1289 postes abolis

Au début de la semaine, La Presse a écrit que l'Agence abolissait 1289 postes, dont 43 cadres, dans le contexte des compressions du gouvernement Harper. Entre autres, l'organisme abandonne le Programme spécial d'exécution, qui cible des criminels et plus particulièrement des membres du crime organisé.

L'abandon de ce programme touche 137 postes syndiqués au Canada. Les ressources seront réaffectées au secteur des PME ou à celui de la TPS. L'Agence conserve son Programme des enquêtes criminelles, qui s'attaque aux fraudes fiscales, mais le nombre de bureaux passera de 32 à 6, «pour concorder avec ceux du Service des poursuites pénales du Canada (SPPC) et de la GRC». Au total, 415 postes syndiqués sont touchés par cette réorganisation, dont plusieurs au Québec.

Pour expliquer ces coupes, l'Agence avait dit à La Presse qu'elle «doit faire sa part en vue de réduire le déficit. Étant donné que ces changements consistent principalement en une restructuration au niveau de la gestion, ils ne toucheront pas les services offerts aux Canadiens».

Le lendemain du reportage, l'Agence a écrit à La Presse pour dire qu'elle ne remercie pas des experts en évasion fiscale. De plus, a-t-elle affirmé, le Programme spécial d'exécution n'a pas été aboli en raison des compressions du budget de 2012, mais après une évaluation interne. «Les ressources pourraient être utilisées plus efficacement dans les autres activités d'exécution de l'Agence.»