Le scrutin syndical des travailleurs de la construction donne un nouveau visage à l'industrie, mais ce n'est pas celui qu'on attendait. Trois vieux syndicats perdent des plumes, un nouveau joueur émerge et le géant, la FTQ-Construction, maintient ses appuis.

Le scrutin a été tenu par la poste pour la première fois de son histoire. Ce scrutin secret, exigé par la ministre du Travail, Lise Thériault, devait permettre d'éviter l'intimidation dans les bureaux de vote, entre autres.

En juin, 15% des115 765 travailleurs admissibles ont donc voté pour un changement d'allégeance, après la période de maraudage. Le fait de ne pas voter était considéré comme une volonté de ne pas changer d'association syndicale.

Les résultats rendus publics vendredi surprennent. Alors qu'on s'attendait à un recul de la FTQ-Construction, la centrale gagne des appuis. Elle représente maintenant 43,85% des travailleurs, un gain de près d'un point de pourcentage sur le dernier scrutin, tenu en 2009.

Le directeur général de la FTQ-Construction, Yves Ouellet, est très heureux des résultats. «La stratégie du gouvernement du Québec pour tenter de nous discréditer en lançant des allégations de toutes sortes n'a pas fonctionné», a déclaré M. Ouellet.

Le grand gagnant est cependant le plus petit des joueurs, le Syndicats québécois de la construction (SQC). Il gagne quatre points de pourcentage, à 10,44% et dépasse maintenant la CSN-Construction.

«On est très fier, ça rejaillit sur toute l'équipe», a dit la PDG, Sylvain Gendron. Selon M. Gendron, la progression constante de la SQC s'explique par la présence du syndicat sur le terrain et l'écoute de ses membres. Le syndicaliste ne nie pas que les plus faibles cotisations prélevées aux membres soient un facteur.

Le perdant du scrutin est la CSN-Construction, qui tombe dernier des cinq syndicats de l'industrie, à 8,55% de représentativité. Il s'agit d'un recul de deux points de pourcentage sur 2009. La direction du syndicat n'a pas voulu commenter les résultats.

Les deux autres perdants sont la CSD-Construction et le Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (International). Ce dernier a reculé à 24,4% de représentativité, en recul de 1,7 point de pourcentage. «C'est clair qu'on ne saute pas de joie. Mais on a été attaqué de toute part depuis l'automne. La ministre Lise Thériault nous a démonisé», a déclaré Donald Fortin, directeur général de l'International.

Il note que l'appui de la CSD-Construction et de la CSN-Construction à la loi 33 de la ministre Lise Thériault ne leur a pas profité, puisqu'ils subissent eux aussi des reculs. Selon lui, le bond de la SQC s'explique par son très faible taux de cotisation. «Ils n'ont pratiquement pas de services, pas de bureaux», dit-il.

De son côté, la CSD-Construction a reculé de 1,4 point de pourcentage, à 12,7%.

La nouvelle représentativité va influer sur les négociations des quatre conventions collectives de l'industrie, prévues cet automne. En vertu de la nouvelle loi, une entente devra être entérinée non seulement par des syndicats représentant plus de 50% des votes, mais également par au moins trois des cinq syndicats. La FTQ-Construction s'est plaint au Bureau international du travail (BIT) à ce sujet.

Rappelons que d'ici quelques mois, en vertu de laloi 33, ce ne sont plus les syndicats qui placeront leurs membres sur les chantiers, mais la Commission de la construction du Québec.