La voix douce masque à peine l'inquiétude. Depuis plus de trois ans, Cyprien attend des nouvelles du dossier de résidence permanente de son petit frère, René, en traitement à l'ambassade du Canada de Nairobi, au Kenya.

«Ça me traumatise», dit le jeune homme, installé en banlieue de Montréal.

Les deux frères ont connu leur lot de problèmes. Sans famille depuis le génocide rwandais de 1994, ils sont accueillis, en 1995, dans un camp de réfugiés de Tanzanie, où ils continuent à être agressés en raison de leur ethnie, selon Cyprien.

Dix-sept ans plus tard, René s'y trouve toujours. Ses agresseurs aussi.

«Mon frère est vraiment désespéré», dit son aîné.

Tout faire et ne rien obtenir

Cyprien a obtenu l'asile au Canada en 2002. Il croyait pouvoir venir avec son frère, mais il apprend dès son arrivée que son parrainage exigera de nombreuses garanties. Au fil des années, il économise plusieurs milliers de dollars, somme exigée par les autorités fédérales pour son parrainage, et devient même citoyen canadien.

En 2009, le dossier de René obtient en quelques mois le feu vert de Québec. Il est ensuite envoyé au bureau de Nairobi.

Au printemps, le bureau de Nairobi lui a répondu que son petit frère serait bientôt convoqué en entrevue.

Plusieurs mois plus tard, les choses n'ont toujours pas évolué.

«Je ne comprends pas», se désespère Cyprien.