Le pape Benoit XVI a présidé, samedi au Vatican, à une cérémonie pour accueillir 22 nouveaux cardinaux au sein de l'Église catholique, dont l'archevêque de Toronto, Mgr Thomas Collin.

Mgr Collin, âgé de 65 ans et originaire de Guelph, dans le sud de l'Ontario, devient le 16e Canadien à être élevé au rang de cardinal.

Le ministre des Finances, Jim Flaherty, représentait le Canada lors de la cérémonie.

L'Église compte maintenant 213 cardinaux. Ceux qui ont moins de 80 ans seront appelés à choisir le successeur éventuel de Benoit XVI, lorsque celui-ci décédera.

Le Saint-Père, dont la santé s'est fragilisée ces derniers mois, est âgé de 84 ans.

Le Vatican a par ailleurs annoncé que la religieuse Kateri Tekakwitha, dont le tombeau est dans l'église de la communauté mohawk de Kahnawake, près de Montréal, accédera à la sainteté lors d'une cérémonie qui aura lieu le 12 octobre prochain.

Elle a été béatifiée en 1980 par le pape Jean Paul II.

Kateri Tekakwitha deviendra la première sainte autochtone d'Amérique du Nord.

Petite leçon à ses ouailles

Benoît XVI a par ailleurs appelé tous ceux qui servent l'Église catholique à «renoncer au style mondain du pouvoir et de la gloire», au moment où des fuites organisées font peser un malaise sur l'administration vaticane.

«Domination et service, égoïsme et altruisme, possession et don, intérêt et gratuité: ces logiques profondément opposées se confrontent à toute époque et en tout lieu. Il n'y a aucun doute sur la voie choisie par Jésus», a-t-il affirmé lors de ce 4e consistoire de son pontificat dans le cadre solennel de la basilique Saint-Pierre.

S'adressant aux 22 nouveaux cardinaux, le pape a souligné qu'«il leur est demandé de servir l'Église avec amour et vigueur, avec la clarté et la sagesse des maîtres, avec l'énergie et la force morale des pasteurs, avec la fidélité et le courage des martyrs».

Le pape n'a pas fait d'allusion directe au malaise actuel dans l'administration du Vatican après la révélation par la presse italienne de documents top secrets où il est question d'un pseudo-complot contre lui, de reproches de corruption et de transferts d'argent de la banque du Vatican.

Le pape a appelé les cardinaux en latin et leur a remis la barrette (toque rouge), l'anneau et le titre prestigieux de «prince de l'Église» à seize prélats européens, deux Américains, un Canadien, un Brésilien, un Indien et un Chinois de Hong Kong.

Au cours de cette longue cérémonie, à laquelle a assisté le chef du gouvernement italien Mario Monti, le pape a souligné que les nouveaux cardinaux seraient «appelés à considérer et à apprécier les situations, les problèmes et les critères pastoraux qui touchent la mission de toute l'Église».

Sur les 22 nouveaux cardinaux, seuls les 18 ayant de moins de 80 ans pourront voter pour choisir le successeur de Joseph Ratzinger en cas de conclave.

Désormais 63 cardinaux ont été créés par le pape allemand sur les 125 que compte le collège des électeurs. Les 62 autres avaient été créés par Jean Paul II. Au total l'effectif du «sacré collège» est porté à 213.

Beaucoup de nominations étaient quasi automatiques: c'est le cas pour des sièges épiscopaux prestigieux réservés à des cardinaux (Utrecht, Florence, Berlin, Prague, Toronto, New York).

C'est le cas aussi pour certains cardinaux travaillant pour le gouvernement de l'Église (curie). Au total dix prélats de curie ont reçu la barrette.

En nommant sept Italiens, le pape allemand, qui fêtera ses 85 ans en avril, porte leur effectif à 30 électeurs.

Une disproportion regrettée par certains, donnant des chances plus fortes qu'un Italien redevienne pape, après les pontificats d'un Polonais et d'un Allemand.

À côté des 67 Européens au collège des cardinaux électeurs, les autres contingents ne font guère le poids: 22 Sud-Américains, 15 Nord-Américains, 11 Africains, 9 Asiatiques et un Océanien.

À part le Brésilien de la Curie Joao Braz de Aviz, aucun nouveau promu ne provient d'Amérique Latine, le continent qui compte le plus de catholiques au monde.

L'Église européenne doit cesser «de regarder de haut» les autres continents, et le collège des cardinaux doit devenir «plus universel», a préconisé ce dernier à l'agence I.Media.

«On ne peut plus considérer que l'Amérique latine, l'Asie ou l'Afrique n'ont pas changé, qu'elles sont encore des colonies ou le tiers-monde», a-t-il ajouté.

Parmi les personnalités en vue promues, figure notamment l'archevêque de New York, Mgr Timothy Michael Dolan, 61 ans, qui a pris position contre le mariage gay, et Mgr John Tong Hon, 72 ans, évêque de Hong Kong.

- D'après AFP et La Presse Canadienne