La Caisse de dépôt et placement est sortie de son mutisme, hier, en répliquant aux reportages des médias de Quebecor portant notamment sur la visite du président de l'institution, Michael Sabia, au domaine Sagard de la famille Desmarais, dans Charlevoix.

La Caisse explique que le président Michael Sabia et sa femme sont des amis depuis plus de 10 ans du cochef de la direction de Power Corporation, André Desmarais, et de sa conjointe, France Desmarais.

Michael Sabia, sa femme et sa fille ont rendu visite aux Desmarais durant la fin de semaine du 12 août 2011 au domaine Sagard, à Charlevoix. «La famille Sabia comptait parmi une vingtaine d'autres personnes au total. À aucun moment n'y a-t-il eu de discussions au sujet d'une transaction potentielle ou d'une collaboration entre les deux organisations ou leurs filiales. Bref, il s'agissait purement d'une activité entre amis et connaissances», écrit la Caisse dans son communiqué.

Au début du mois de février, le Journal de Montréal, le Journal de Québec et le réseau TVA ont révélé ce séjour de M. Sabia à Sagard. Par la suite, le Parti québécois (PQ) et des leaders syndicaux ont critiqué l'opportunité de cette visite, jugeant que M. Sabia, qui gère des fonds de retraite, doit éviter une trop grande proximité avec des gens d'affaires. Selon le PQ, l'invitation des Desmarais n'était pas désintéressée.

Le Journal de Montréal est souvent revenu sur cette histoire depuis le début du mois. Hier, le rédacteur en chef du Journal de Montréal, Dany Doucet, a comparé cette visite à celle de certains hommes d'affaires sur le bateau de Tony Accurso. Les firmes de construction de l'entrepreneur controversé ont été reconnues coupables d'une fraude fiscale de plusieurs millions de dollars à la fin de 2010, dans une affaire de fausses facturations. Dany Doucet suggère également que les Desmarais détiennent La Presse et les journaux de Gesca non pour leur rentabilité, mais pour entretenir des liens d'influence et torpiller l'option souverainiste.

De son côté, l'éditorialiste de La Presse André Pratte a critiqué les reportages de Quebecor sur les Desmarais. «Tous les coups sont permis, peu importe les conséquences sur la vérité et sur la réputation des personnes visées», a écrit M. Pratte.

Dans un texte publié mardi, l'éditorialiste ajoute que «malgré une domination sans précédent du marché des médias, Quebecor est en guerre contre plusieurs de ses concurrents, notamment Radio-Canada, Astral, Bell, Transcontinental et Gesca. Apparemment, M. Péladeau ne les considère plus comme des rivaux d'affaires, mais comme des ennemis à abattre. Il faudrait qu'ils disparaissent. Dans ce contexte, les médias de Quebecor mènent, en particulier depuis 10 jours, une opération de salissage contre la famille Desmarais».

Ce n'est pas la première fois que des visiteurs du domaine Sagard font les manchettes. En décembre 2004, La Presse avait révélé que le futur président français Nicolas Sarkozy passait ses vacances des Fêtes au domaine de la famille Desmarais.

Hier, la Caisse a tenu à préciser que les participations de l'institution dans des entreprises liées à Power Corporation sont «purement indicielles». Autrement dit, la Caisse dit détenir des actions du groupe Power ou du Groupe Bruxelles Lambert, par exemple, pour se rapprocher le plus possible de l'indice boursier dans lequel ces entreprises sont représentées.

«Les titres du groupe Power ne représentent que 0,5% du portefeuille de la Caisse, ce qui est inférieur à leur pondération dans les indices de référence», est-il écrit dans le communiqué.

Le président du conseil d'administration de la Caisse, Robert Tessier, s'est porté à la défense de Michal Sabia. «Cette visite [à Sagard] était en toute conformité avec le code d'éthique et de déontologie de la Caisse. Michael Sabia a toujours démontré, tout au long de sa carrière, qu'il travaille avec intégrité, dans le respect des standards d'éthique les plus élevés. Suggérer autre chose n'est aucunement fondé et ne correspond en rien à la réalité», a-t-il déclaré.