La Presse, Radio-Canada, TVA et le Journal de Montréal ont été unanimes hier. Le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil, doit assurer que les journalistes ne seront pas mis sur écoute électronique dans l'enquête sur la divulgation d'informations confidentielles dans l'affaire Ian Davidson.

«Une partie du métier de journaliste consiste à être le chien de garde de la démocratie. Pour bien faire notre travail, on a besoin de ces sources qui sont parfois gouvernementales, parfois policières. Nous nous devons de les protéger, car elles partagent de l'information dans l'intérêt public», a indiqué Éric Trottier, vice-président à l'information de La Presse.

Selon lui, les scandales des commandites, des compteurs d'eau et de la collusion dans le monde de la construction n'auraient pas été révélés dans les médias sans la collaboration de sources.

Dany Doucet, rédacteur en chef du Journal de Montréal, abonde dans son sens. «Je pense que quelqu'un, quelque part, a oublié quel était le rôle des médias dans une société démocratique. En ce moment, on fait peur aux gens pour les empêcher de parler aux médias. L'impact va se faire sentir pas juste dans la police, mais à d'autres niveaux», croit-il.

Serge Fortin, vice-président de TVA Nouvelles, s'est dit «surpris» et «préoccupé» par le déclenchement de cette enquête. «Je pense que le ministre Dutil et le gouvernement se trompent de cible en pointant les journalistes... On devrait beaucoup plus enquêter sur ce qui s'est passé au SPVM, à savoir comment cette information-là [la liste de 2000 informateurs] a pu sortir.»

Le directeur général de l'information à Radio-Canada, Alain Saulnier, a quant à lui affirmé que les journalistes qui ont travaillé sur le dossier Ian Davidson l'ont fait dans le respect de la loi. «Historiquement, les médias dans les pays démocratiques ont toujours eu besoin d'avoir la protection des sources, sinon les gens ne parleraient jamais. Les journalistes ne sont pas en train de faire des choses illégales. On respecte la loi. On respecte nos codes de déontologie.»

Flou à la SQ

Malgré les préoccupations de ces quatre grands médias, la Sûreté du Québec a continué à entretenir le flou en se réfugiant derrière le mandat donné par Québec. «Le ministre de la Sécurité publique a demandé à la Sûreté du Québec d'enquêter sur des allégations de divulgation d'informations confidentielles dans l'affaire Ian Davidson et c'est ce sur quoi on va s'exécuter», a simplement répondu le capitaine Jean Finet lorsque La Presse a voulu savoir si le corps policier s'engageait à ne pas pratiquer d'interceptions de communications électroniques et à ne pas mener de perquisitions à l'encontre de journalistes.

- Avec Fabrice de Pierrebourg