Près de 80 groupes sociaux canadiens ont lancé dimanche une campagne de «non-coopération» avec le Service canadien de renseignement et de sécurité (SCRS). Ils exhortent leurs membres à ne pas parler, ni écouter des agents qui les approcheraient pour les interroger au sujet de leur engagement dans différentes organisations.

Cette campagne fait notamment suite aux signalements de nombreux militants sociaux qui affirment avoir reçu, à leur domicile ou à leur travail, une visite de «courtoisie» d'agents du SCRS en lien avec les Jeux olympiques de Vancouver ou la tenue des sommets du G8 et du G20 en 2010.

Pas de nouvelles «visites»

Même si, depuis, aucun nouveau cas de visite d'agent n'est venu aux oreilles des organisations sociales, elles ont lancé quand même une campagne de mobilisation contre le SCRS.

Au Québec, le Conseil central du Montréal métropolitain de la CSN, la Fédération nationale des enseignants et enseignantes, le Front d'action populaire pour le réaménagement urbain (FRAPRU), la Convergence des luttes anti-capitalistes (CLAC), Palestiniens et Juifs unis et le Collectif opposé à la brutalité policière font partie des 78 organisations signataires regroupées dans le Réseau de la commission populaire.

Le SCRS n'a pas le pouvoir de contraindre les gens à lui accorder des entrevues et ne se présente pas avec des mandats de la cour. C'est pourquoi le Réseau de la commission populaire qualifie les visites de parties de pêche. Il accuse le SCRS de faire du harcèlement, de l'intimidation et du profilage politique.

«Les tactiques du SCRS créent la peur et l'isolement dans nos communautés, particulièrement celles composées de personnes immigrantes», a déclaré Jaggi Singh, membre de l'organisme Solidarité sans frontières. «Devant son intimidation et son profilage ethnique, les groupes de justice pour les migrants répondent avec les armes de la solidarité et de l'entraide.»

«Activités inacceptables»

«Nous avons toléré depuis trop longtemps les activités inacceptables du SCRS, par peur ou par un faux sentiment de loyauté. Nous ne collaborerons jamais volontairement avec ses agents», a ajouté la porte-parole du Réseau de la commission populaire, Marie-Ève Lamy. «Nous refusons de nous mettre en danger et d'exposer nos voisins, nos amis, nos familles ici ou outremer, nos organisation et notre travail pour la justice, en parlant aux agents du SCRS ou en les écoutant.»