La chef du Parti progressiste-conservateur Kathy Dunderdale est passée à l'histoire mardi soir en devenant la première femme élue à la tête de Terre-Neuve-et-Labrador, permettant ainsi à son parti de remporter son troisième gouvernement majoritaire consécutif.

«Ce soir, mon coeur est rempli de fierté», a lancé Mme Dunderdale, devant une foule de partisans réunis dans un hôtel du centre-ville de Saint-Jean.

«Et alors que je suis devant vous ce soir, je ne peux m'empêcher de penser à ce que ma grand-mère et mon arrière grand-mère auraient pensé. Jusqu'en 1925, les femmes n'avaient pas le droit de vote à Terre-Neuve-et-Labrador», a poursuivie l'élue.

Sa victoire lui donnera également la chance de sortir de l'ombre du très populaire Danny Williams, qui a quitté son poste de premier ministre il y a près d'un an. Mme Dunderdale, âgée de 59 ans, a été élue facilement mardi soir dans sa circonscription de Virginia Waters, dans la région de Saint-Jean.

Toutefois, la majorité des progressistes-conservateurs a été réduite à 37 députés. Le Nouveau Parti démocratique (NPD) a quant à lui créé un précédent en faisant élire cinq députés, un record dans son histoire. Les libéraux de leur côté demeurent l'opposition officielle puisque six députés du parti ont été élus.

Les progressistes-conservateurs ont gagné 56 pour cent de la faveur populaire alors que 24 pour cent de la population a voté pour les néo-démocrates. Les libéraux ont été choisis par 19 pour cent des habitants de la province.

À la dissolution de l'assemblée législative, il y avait 43 députés conservateurs, quatre députés libéraux et un seul représentant les néo-démocrates.

Lors de sa campagne, Mme Dunderdale n'a pas fait de faux pas majeurs et n'a pas fait des promesses extravagantes. Elle s'est cependant défendue au sujet de la viabilité du projet hydroélectrique de Muskrat Falls et sur ses liens avec le premier ministre Stephen Harper.

De son côté, le chef libéral, Kevin Aylward, n'a pas réussi à se faire élire dans sa circonscription de St. George's-Stephenville East. C'est le ministre de l'Éducation, Joan Burke, qui y est devenu député mardi.

Malgré cela, le chef a salué ses collègues nouvellement élus et les a félicités pour avoir fait augmenter le nombre de sièges de son parti.

«Je suis fier du fait que le Parti libéral demeurera en vie et qu'il pourra se reconstruire avec les nouveaux membres que nous avons ce soir à l'Assemblée législative», a-t-il dit devant les fidèles du parti qui étaient réunis.

M. Aylward est le deuxième chef libéral qui ne parvient pas à gagner un siège en autant d'élections. Mais il n'a pas l'intention de quitter ses fonctions, a-t-il soutenu devant les journalistes.

Il s'agit d'un autre pavé dans la mare pour le Parti libéral, qui a débuté sa campagne endetté de 600 000 $ et a subi des changements à sa direction. Kevin Aylward a remplacé Yvonne Jones au mois d'août lorsque celle-ci a décidé de se concentrer sur sa convalescence après avoir souffert du cancer du sein.

Âgé de 51 ans, l'ancien ministre libéral s'est pourtant retroussé les manches lors de la campagne électorale où il s'est concentré sur deux messages clés. Il croit notamment que les régions rurales de la province sont délaissées et que l'entente de Muskrat Falls de 6,2 milliards $ fera grimper les factures d'électricité et alourdira le fardeau fiscal de la province.

La chef néo-démocrate, Lorraine Michael, a quant à elle gagné la confiance de ses électeurs du centre-ville de Saint-Jean, Signal Hill-Quidi Vidi. Mardi soir, elle a affirmé que les gains de son parti étaient le résultat d'années de travail acharné.

«Vous ne pouvez pas obtenir une victoire historique sans histoire», a-t-elle souligné.

Le parti a fait campagne en promettant aux électeurs d'imposer une surtaxe sur le secteur lucratif du pétrole marin et de redistribuer les revenus pour financer les services de la santé de la province.

Depuis le début de l'automne, trois autres premiers ministres sortants provinciaux ont été réélus. Et depuis décembre dernier, trois autres femmes ont été nommées chefs de partis.