Michel Roy, un ancien diplomate et journaliste dont la carrière médiatique s'est échelonnée sur quatre décennies, est décédé jeudi des suites d'une maladie dégénérative. Il était âgé de 81 ans.



Père de Patrice Roy, lecteur de nouvelles au Téléjournal de Radio-Canada, Michel Roy est né en 1929 à Ottawa. Sa famille s'établit au Québec quelques années plus tard, et après des études classiques au Collège Stanislas et au Collège Jean-de-Brébeuf de Montréal, il termine des études en philosophie à l'Université de Montréal.

Âgé d'à peine 20 ans, il décroche son premier emploi dans les médias quand il se joint au quotidien Le Canada, où il confiera lui-même plus tard avoir appris son métier.

Quand cette publication disparaît en 1953, il se joint à La Presse Canadienne et y demeure pendant environ quatre ans.

Commence alors l'étape marquante de sa carrière médiatique, quand il entre au service du quotidien Le Devoir, en 1957.

Au cours des 25 années qui suivent, il est successivement nommé directeur de l'information en 1962, rédacteur en chef en 1975 et directeur suppléant en 1978, poste qu'il occupe jusqu'à son départ en 1981.

«C'était vraiment le journalisme de combat comme il ne s'en fait plus guère», a-t-il déjà expliqué sur les ondes de la télévision de Radio-Canada au sujet de ses premières années au Devoir, alors que Maurice Duplessis était au pouvoir.

«C'était du journalisme fait par un journal d'opposition. D'une part, on fait du journalisme objectif en décrivant les faits, d'autre part, on commente, on analyse ces faits à la lumière des positions politiques qu'on a adoptées.»

Mais même si Michel Roy oeuvrait dans un journal dit de combat, il était aussi un homme porté vers la cordialité avec le personnel de la salle de rédaction ainsi que les organisations dont Le Devoir parlait, selon Jean-Claude Leclerc, un ancien éditorialiste du journal et collègue de Michel Roy entre 1967 et 1982.

«Je l'ai vu fonctionner dans la salle de rédaction, et il était très convivial à l'endroit des journalistes. Travailler avec lui, c'était un bonheur. J'ai remarqué également qu'il savait s'attirer la confiance des différents milieux qui se confiaient au Devoir», a relaté M. Leclerc en entrevue avec La Presse Canadienne, jeudi soir.

Après avoir quitté Le Devoir, Michel Roy devient éditorialiste en chef du quotidien La Presse, avant d'être nommé éditeur adjoint et rédacteur en chef dès l'année suivante. Il quitte La Presse en 1988 et travaille ensuite comme journaliste indépendant pour Le Soleil, Le Droit, L'actualité et Radio-Canada.

Au début des années 1990, il donne un coup de barre qui en étonne plus d'un quand il devient conseiller au sein du Conseil privé. Il se joint par la suite au cabinet du premier ministre de l'époque, Brian Mulroney, à titre de conseiller politique et constitutionnel.

En juin 1993, il est nommé ambassadeur du Canada en Tunisie et auprès de la Libye. En tant qu'ambassadeur, il est chargé de mission en Jordanie et en Algérie en 1995 et 1996.

De retour au Canada en 1996, il enseigne le journalisme aussi bien à l'Université Laval qu'à l'Université de Montréal. Il accède à la présidence du Conseil de presse en 1997 et quitte ce poste en 2004.

«La qualité d'une presse démocratique, c'est de veiller à ce que celle-ci touche vraiment aux sujets essentiels, et deuxièmement qu'elle les traite convenablement de telle sorte que tout le monde puisse vraiment comprendre», a-t-il déclaré à Radio-Canada il y a quelques années.

«Comme président du Conseil de presse, estime M. Leclerc, je pense qu'il aura été un peu affligé de voir que la qualité générale de la presse avait tendance à baisser au fil des années où lui même allait prendre sa retraite. S'il était avec nous aujourd'hui, je pense qu'il souhaiterait qu'un coup de barre soit donné pour ramener la qualité professionnelle dans tous nos médias.»

La carrière de Michel Roy a été jalonnée de plusieurs prix. On lui décerne ainsi le Prix des communications du Québec en 1983, l'Ordre du Canada en 1987, le prix de journalisme Olivar-Asselin en 1990, le Prix Judith-Jasmin Hommage en 2006 et un diplôme d'honneur de l'Université de Montréal en 2007.

«Avec lui, j'ai appris la finesse dans la description d'une information, la prudence et l'équilibre dans la fabrication d'une manchette, confie M. Leclerc. Il savait très bien qu'une information, une manchette, ça ne tombe pas dans le vide le lendemain; ça tombe dans la vie de gens réels qui vont réagir. (...) Il savait que nous faisions un métier important, mais délicat, et il avait et le sens de l'importance et la délicatesse voulue pour pratiquer un journalisme responsable», a renchéri M. Leclerc.