Le 10 septembre, la veille de ses 41 ans, Thomas Dowd deviendra officiellement le plus jeune évêque du Canada (et l'un des deux plus jeunes au monde). La somptueuse cathédrale Marie-Reine-du-Monde sera le lieu de la consécration de l'abbé Dowd au titre d'évêque auxiliaire de Montréal, le deuxième diocèse en importance au pays.

«Quand le nonce (le représentant de Benoît XVI au Canada) m'a annoncé que j'avais été choisi pour devenir évêque auxiliaire, j'ai été à la fois honoré et étonné. Il m'a dit que c'est vrai que je suis jeune, mais que le temps allait corriger ce défaut», dit-il, amusé, dans son bureau de l'archevêché de Montréal, où La Presse l'a rencontré.

Polyglotte - il parle anglais, français, espagnol, italien et allemand -, ce fils d'informaticien maîtrise aussi le langage technologique: en 2003, il a été le premier prêtre à ouvrir un blogue.

Huit ans, donc, avant le premier «tweet»du pape, il a mis en ligne son site Waiting in Joyful Hope (www.fatherdowd.net) pour répondre aux interrogations de ses paroissiens qui se demandaient ce qu'un prêtre peut bien faire de ses journées.

«Moi, je sais que la vie d'un prêtre est intéressante et qu'il se passe toujours quelque chose. Je voulais partager cela avec mes paroissiens», raconte ce natif de l'Ouest-de-l'Île, qui, après avoir travaillé dans plusieurs paroisses de la ville, assiste les prêtres des paroisses de Saint-Brendan et de Saint-Aloysius, dans l'est de Montréal.

Thomas Dowd, qui a aussi des «fidèles»sur Twitter, utilise son blogue pour afficher, par exemple, les dessins que lui offrent les enfants des familles qu'il visite. Il partage aussi ses réflexions au retour de funérailles ainsi qu'une foule de petits et grands détails de son quotidien, comme la fois où il a été victime d'un accident de voiture.

Mais depuis quelques semaines, il y est beaucoup question des défis qui l'attendent à titre d'évêque.

Dans son entrée du 20 juillet, Mgr Dowd parle des entrevues qu'il a accordées aux médias dans les jours précédents et dit espérer que cela contribuera à répandre la Bonne Parole. Là-dessus, il fait valoir que Jésus lui-même, qui parlait par paraboles et à qui il est arrivé de prêcher d'un bateau pour être entendu du plus grand nombre, utilisait les technologies de son temps. «Avec Jésus, le médium est vraiment le message!», dit-il en paraphrasant Marshall McLuhan.

Troquer la cravate pour la soutane

À 24 ans, Thomas Dowd étudiait en commerce et se destinait au monde des affaires.

À Ericsson Research Canada, où il a travaillé pendant trois ans, il a contribué à la création d'une garderie en milieu de travail. Il affirme que sa formation universitaire est idéale pour la vie ecclésiale.

«Le baccalauréat en commerce nous apprend comment organiser les choses et travailler en équipe, ce qui est une excellente préparation pour le sacerdoce. Pendant ma formation, je me suis spécialisé en commerce international et en travail interculturel, ce qui m'a permis d'acquérir des compétences pour aider les gens de différentes cultures à mieux se comprendre et à travailler ensemble.»

À titre d'évêque, Thomas Dowd continuera d'utiliser les outils technologiques. «Comme évêque, j'aurai trois fonctions: enseigner, célébrer la liturgie et prendre soin de mes ouailles. Avoir un blogue sera très approprié et utile, pour enseigner et établir un contact universel.»

Retrouver le sens de la vie à travers l'espérance: Mgr Dowd estime que l'un des défis de l'Église, aujourd'hui, est d'amener les croyants à porter un regard clair sur leur passé, pour mieux se tourner vers l'avenir. Et dans le contexte actuel de multiculturalisme, il est d'autant plus essentiel, à ses yeux, de promouvoir l'amour, la fraternité et l'ouverture sur les autres. «Nous avons cette grande tradition de sagesse acquise depuis 2000 ans. Peut-être qu'en dialoguant avec les membres de notre société, chrétiens ou non, nous retrouverons cette vision et découvrir cette espérance.»

En d'autres termes, transmettre la bonne nouvelle, 140 caractères à la fois.