Depuis l'opération SharQc en avril 2009, on parle beaucoup de la relève des Hells Angels au Québec, mais leurs ennemis jurés des années 90, les Rock Machine, en ont aussi. Mathieu Bellemare, résidant de Saint-Félix-de-Valois âgé de 30 ans, a été condamné à 14 mois de prison juste avant Noël après avoir été arrêté en possession d'un fusil de calibre 12 chargé et d'une centaine de pilules de méthamphétamine.

Bellemare a été appréhendé à bord d'une voiture à l'angle des rues Sainte-Anne et Boucher, à Joliette, le 21 novembre. Il portait sa veste des aspirants Rock Machine, la même qu'il arbore fièrement sur une photo publiée dans sa page Facebook. Bellemare a plaidé coupable aux accusations portées contre lui à peine un mois après son arrestation, lors de l'enquête sur sa mise en liberté. La Couronne, représentée par Me Éric Côté, n'a pas eu le temps de faire entendre l'expert de la Sûreté du Québec qu'elle avait retenu. En revanche, son vis-à-vis, Me John Bianchi, a fait témoigner un ami de longue date de l'accusé.

Gardien de sécurité

Le témoin, qui est agent de sécurité de l'entreprise Best, filiale de Garda, a dit qu'il était propriétaire de l'arme que Bellemare avait en sa possession lorsqu'il a été arrêté. Il a raconté que l'accusé et lui étaient allés tirer sur des canettes dans une carrière de sable, le 2 novembre, et qu'il avait par inadvertance déposé son arme dans le coffre de la voiture de Bellemare.

Visiblement, le juge Marc Vanasse, de la Cour du Québec, qui semble connaître les armes lui aussi, ne l'a pas cru. Se décrivant comme un amateur de chasse, le témoin a aussi confirmé qu'il possédait cinq autres armes - un 9 mm, un 45, un 40, un 357 et une carabine de calibre 22 - pour lesquelles il a tous les papiers requis. «

Saviez-vous que votre ami est un prospect des Rock Machine?», lui a demandé Me Côté. «J'ai vu une veste, mais je ne connais pas ça, moi, a-t-il répondu. Dans les journaux, ils disent que c'est un club de motards, mais pour moi, un club de motards, c'est une gang d'amis qui ont des motos.»

Pas de fumée sans feu

À Montréal, les Rock Machine sont moins visibles depuis que l'escouade Éclipse a interpellé une vingtaine d'entre eux au bar de danseuses Les Amazones, en mars 2012. En revanche, on les aperçoit régulièrement, paraît-il, dans les bars de la région de Joliette.

«Le sérieux du club est encore à évaluer. Il faut voir s'ils ont les moyens de leurs ambitions», dit une source policière.

Au printemps 2012, un responsable des Rock Machine nous a dit qu'une section avait été créée à Montréal en 2010 et qu'elle comptait à ce moment 14 membres. Sur leur site internet, les Rock Machine disent avoir cinq divisions au Canada, dont l'une, au Manitoba, a été impliquée dans de violents affrontements avec un gang lié aux Hells Angels en 2011. Le groupe compterait également des antennes aux États-Unis, en Australie, en Allemagne, en Suède, en Suisse, au Kosovo et en Indonésie.

Le 21 décembre, Europol, qui regroupe les corps de police d'Europe, a publié un communiqué dans lequel elle dit craindre des violences entre groupes de motards à la suite de l'apparition de plusieurs sections, dont certaines sont parrainées par les Rock Machine du Canada.