Un diacre de l'ouest de l'île de Montréal arrêté juste avant Noël pour possession, distribution et production de pornographie juvénile pourra retrouver sa liberté à condition de ne pas toucher à un ordinateur.

Et selon son avocat, la possibilité de suivre une thérapie sera étudiée par l'accusé «à cause de la nature des accusations».

William Kokesch, très engagé dans plusieurs organisations catholiques canadiennes, a passé Noël derrière les barreaux. Il a  témoigné à l'enquête sur sa mise en liberté, en matinée aujourd'hui, au palais de justice de Montréal.

Malgré les arguments du procureur de la Couronne Dominique Potvin, M. Kokesch sera remis en liberté dès aujourd'hui. Il devra effectuer un dépôt de 10 000 $ et trouver une personne prête à engager un autre 10 000 $.

En plus de devoir lui-même se passer complètement d'un ordinateur, la résidence où il demeure devra être coupée de sa connexion internet. Il ne pourra se trouver en présence d'un enfant mineur que si un adulte est aussi présent. Il ne pourra pas non plus se trouver dans un certain nombre d'endroits publics qui accueillent des enfants.

«On avait selon nous des motifs pour s'objecter et pour que la Cour garde Monsieur détenu suite à l'enquête», a déclaré Me Potvin en quittant la salle d'audience. «La Cour a rendu une décision qui est le contraire de ça. Monsieur a été remis en liberté, des conditions strictes ont été imposées.» Le procureur a ajouté que lui et ses collègues étudieraient la libération provisoire accordée par la juge et que d'«autres procédures» pourraient éventuellement être entreprises.

L'avocat de M. Kokesch, Me Jeffrey Boro, a obtenu une ordonnance de non-publication pour l'ensemble de la preuve présentée devant la juge et pour toute l'information dévoilée à l'audience.

Il est toutefois possible de révéler que la femme de l'accusé a témoigné. «Il a le soutien de sa famille», a assuré l'avocat de M. Kokesch, après l'audience.

Me Boro a qualifié les conditions imposées à son client de «très sévères».

«Je crois qu'il est content, parce que les nouvelles vont vite dans le système carcéral. Ce type de crimes n'est pas bien perçu dans la population carcérale générale. Il aurait eu certains problèmes en retournant en prison», a-t-il fait valoir. Il a relaté que son client avait déjà été bousculé et s'était fait craché dessus dans un transport vers le Palais de justice, il y a quelques jours.

William Kokesch réside à Pointe-Claire, alors que l'église où il officie se trouve à Beaconsfield. Selon son avocat, il ne s'impliquera plus dans sa paroisse pour le moment. L'Archevêché de Montréal a suspendu M. Kokesch dès que son arrestation est devenue publique.

Nouveaux éléments

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a affirmé ce matin que son enquête sur William Kokesch s'était enrichie de nouveaux éléments depuis la publication de sa photo.

«On a reçu plusieurs informations», a indiqué Danny Richer du SPVM.

Plusieurs personnes auraient appelé la police dans les derniers jours, et d'autres se seraient présentées personnellement aux autorités.