Les enquêteurs de la section des stupéfiants de la région sud de la police de Montréal sont à réaliser depuis ce matin une série de perquisitions et d'arrestations contre un réseau de trafiquants liés aux Hells Angels actif dans le sud-ouest de Montréal.

Selon nos sources, la tête dirigeante de ce réseau est Kenny Bédard, ancien membre des Rockers, le défunt club école des Hells Angels qui a été très actif durant la guerre des motards des années 90 et 2000. Le groupe d'intervention tactique du SPVM l'a arrêté dans le logement de la rue Boivin où il habite depuis quelques mois avec sa conjointe et deux enfants, à LaSalle.

À peu près au même moment, à Carignan, en Montérégie, on a arrêté chez lui Michael Parent, 28 ans, l'un des lieutenants de Bédard. La police a perquisitionné dans sa maison et dans son commerce d'aquariophilie dans l'arrondissement de Saint-Hubert, à Longueuil.

Au total, les policiers ont arrêté 12 personnes. Neuf perquisitions ont été menées: six dans l'île de Montréal, deux à Longueuil et une à Carignan. La police de Longueuil et la Sûreté du Québec ont prêté main forte au SPVM.

Certaines interventions ont été très rapides, si bien qu'une heure environ après le coup d'envoi de l'opération, il n'y avait aucune trace à plusieurs des adresses visées, si ce n'est d'un cadenas et un contreplaqué rapidement installés sur des portes qui ont été défoncées par les policiers, rue de l'Église et Delinelle.

Le réseau écoulait principalement de la cocaïne, de la marijuana, du crack et des pilules à Pointe-Saint-Charles, Saint-Henri, Verdun et LaSalle.

L'enquête, qui s'est amorcée à la fin de 2012, a permis de constater que le groupe de Bédard n'hésitait pas à user de violence. Une arme à feu a d'ailleurs été saisie au cours des perquisitions de ce matin.

À titre de membre des défunts Rockers, Kenny Bédard, 48 ans, a toujours été influent dans le Sud-Ouest,  pourtant un fief du clan rival des Hells, les Rock Machines durant la guerre des motards. Il n'hésitait pas à intimider les petits revendeurs de drogue du clan ennemi sur son territoire.

Il a été impliqué dans un complot pour faire assassiner ces adversaires et a quelquefois été arrêté en possession de puissantes armes à feu chargées. Il a déjà été trouvé en possession de renseignements personnels concernant le Rock Machine Peter Paradis, qui allait plus tard se faire délateur.

Arrêté lors de l'opération Printemps 2001, qui avait anéanti les Rock Machines et les Nomads, il a été libéré d'office après avoir purgé les deux tiers de sa peine de 10 ans, en 2009. Parmi les conditions de sa libération, il devait s'abstenir de fréquenter des pairs criminels jusqu'en 2013. Sa détention avait pourtant été mouvementée: en prison, il a agressé des codétenus et un gardien de prison, et il avait planifié une évasion. La Commission nationale des libérations conditionnelles estimait qu'il présentait un risque de récidive élevé, mais il a tout de même été relâché. Il en est ainsi dans la quasi-totalité des cas de libération d'office, accordée presque automatiquement aux détenus à moins qu'il y ait certitude d'une récidive violente et immédiate.

Les suspects arrêtés ce matin ont été amenés au centre opérationnel sud du SPVM, rue Guy, et devraient comparaître demain au palais de justice de Montréal.

Photo archives La Presse

Kenny Bédard