Le meurtrier du mafioso Emilio Cordileone a manifestement voulu envoyer un message en laissant le corps de sa victime en plein coeur de son territoire et dans son propre véhicule.

C'est du moins ce que croient les policiers et d'autres sources issues de différents milieux consultés par La Presse.

Selon toute vraisemblance, Emilio Cordileone, 50 ans, qui était porté disparu depuis deux jours, a été tué ailleurs. Son corps a ensuite été ramené vers le territoire familial, puis abandonné dans son luxueux VUS, garé en bordure de la rue Sauriol, dans le quartier Ahuntsic, à Montréal. Des policiers en patrouille de routine ont reconnu le véhicule recherché et découvert le corps vers 9h30, samedi matin.

«L'objectif du meurtrier était que le véhicule soit retrouvé. Ce n'est pas une Honda Civic, c'est un Range Rover blanc. Il a été laissé en plein coeur de son territoire et, là-bas, tout le monde connaît sa voiture», nous a dit une source.

«C'est une façon de faire traditionnelle dans la mafia lorsqu'on veut envoyer un message. Le message semble être de nature territoriale. On n'a pas laissé le corps à cet endroit pour rien. C'est calculé», nous a confié une autre source.

Plusieurs pistes

Selon nos informations, Emilio Cordileone aurait été impliqué dans le trafic de stupéfiants. Il y a quelques années, sa famille aurait eu des liens avec Hasan Eroglu, trafiquant d'héroïne d'origine turque assassiné chez lui, à Pointe-Claire, en juillet 2007.

Les Cordileone auraient également de forts liens avec la famille de l'influent Calabrais Moreno Gallo, qui a déjà été pressenti pour remplacer Vito Rizzuto à la tête de la mafia montréalaise, à la suite de l'arrestation de ce dernier, en 2004. Il a été expulsé du pays pour grande criminalité au début de l'année.

Emilio Cordileone aurait aussi eu des projets d'affaires avec des membres de la famille Gallo, nous a-t-on dit. Son père, Domenico, aurait été proche de Joe Di Maulo, autre influent mafioso assassiné chez lui, à Blainville, le mois dernier. La principale hypothèse retenue par la police pour expliquer le meurtre de Di Maulo est que ce dernier aurait manqué de loyauté envers les Siciliens durant l'absence du parrain déchu Vito Rizzuto, libéré le 4 octobre dernier.

Les policiers devront également voir s'il y a un lien entre le meurtre d'Emilio Cordileone et celui de Joe Di Maulo, mais il s'agit d'une possibilité parmi d'autres.

Une chose est sûre: les secteurs d'Ahuntsic et de la Petite-Italie sont des endroits chaud depuis plusieurs semaines. Le 17 novembre, Mohamed Awada, connu pour faire la sale besogne de la mafia, a été assassiné rue Leblanc, à la limite de ce territoire. Deux jours plus tôt, un autre individu connu des policiers, Tony Gensale, 43 ans, a été tué alors qu'il sortait d'un gym du boulevard Saint-Laurent.

Parlant de gym, celui de l'influent chef de clan Andrew Scoppa a été la cible d'un incendie criminel le 19 octobre. D'autres commerces du secteur ont également été visités par des incendiaires. Tous ces crimes n'auraient cependant pas le même fil conducteur.

Fief

Des sources nous ont confié que, depuis son retour, Vito Rizzuto ne s'est toujours pas rendu dans la Petite-Italie, pourtant l'un de ses fiefs.

En revanche, des gens de son entourage ont été vus dans des établissements des environs, discutant avec certaines personnes influentes. Selon nos informations, Vito Rizzuto serait toujours à l'étape de mesurer ses appuis et de refaire ses forces, «en ayant ce genre de discussion où l'une des questions posées pourrait être: "Tu es avec moi ou contre moi?"», nous a-t-on dit.

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