La violence conjugale coûte une fortune aux contribuables canadiens. Une importante enquête fédérale démontre que les milliers d'incidents survenus en une seule année ont coûté 7,4 milliards $.

L'étude réalisée par le ministère de la Justice du Canada s'est penchée sur les importantes conséquences économiques de chaque incident de violence conjugale -que ces frais soient reliés à des politiques, à des soins de santé, à des coûts funéraires ou encore à des salaires perdus.

En se basant sur une banque de données nationale, les chercheurs ont déterminé que presque 50 000 cas de violence conjugale avaient été rapportés à la police en 2009. Quatre-vingts pour cent d'entre eux impliquaient des victimes de sexe féminin. Les cas répertoriés comprenaient 65 homicides conjugaux, dont 49 femmes.

Les données émanant d'une enquête téléphonique de Statistique Canada ont également été mises à profit dans le cadre de cette enquête. L'agence fédérale a déterminé qu'en 2009, environ 336 000 Canadiens avaient été victimes d'une certaine forme de violence conjugale. Les couples du même sexe, les couples mariés ou en union libre et les couples séparés ou divorcés étaient tous pris en considération.

Les auteurs de l'étude ont ensuite méticuleusement inventorié tous les coûts associés à ces gestes de violence: les frais juridiques et les factures des visites à la salle d'urgence, bien entendu, mais aussi les frais plus particuliers -les factures de détectives privés, les frais de déménagement des personnes qui ont dû fuir le harcèlement dont elles étaient victimes, etc.

Les coûts totaux ont été évalués à 4,8 milliards $ pour les victimes féminines et à 2,6 milliards $ pour les victimes de sexe masculin -et encore, ces chiffres sont conservateurs.

«La violence conjugale est une réalité sociale répandue et malheureuse qui a un impact sur tous les Canadiens», peut-on lire dans le rapport d'enquête de 145 pages qui a été complété à l'automne et dont La Presse Canadienne a obtenu copie en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

«Les victimes de violence sont susceptibles de subir de lourdes conséquences financières, physiques et émotionnelles. Tous les membres de la société ressentiront éventuellement les conséquences de la violence conjugale, puisque celles-ci finissent par exercer une pression financière additionnelle sur les services publics», poursuit le document.

Il s'agit d'une troisième étude portant sur coûts inhérents aux actes criminels que Justice Canada mène depuis 2011. La méthodologie est la même dans tous les cas.

La première s'était attardée aux conséquences économiques de tous les actes criminels commis en 2008 (99,6 milliards $); la seconde, aux coûts reliés à des crimes impliquant des armes à feu (3,1 milliards $).

Celle portant sur la violence conjugale n'avait pas été publiée en raison de sa nature controversée.