Malgré les réductions budgétaires importantes réalisées par le gouvernement Marois, il faut absolument injecter des sommes supplémentaires dans le système d'aide juridique, a demandé hier soir l'ancien premier ministre Lucien Bouchard.

Du même souffle, il a dit compatir avec les ministres péquistes qui doivent actuellement s'arracher les cheveux devant «un casse-tête épouvantable» pour dénicher des économies.

«Je sais qu'actuellement ils ont ça sur la table et que c'est très très difficile», a-t-il affirmé, en entrevue avec La Presse. «J'ai fait l'opération, je sais ce que c'est. Il faut essayer de ne pas couper à l'aveugle.»

Et ne pas couper à l'aveugle, pour l'ancien premier ministre, signifie épargner et même aider davantage certains programmes du ministère de la Justice. «C'est certain qu'il faut rationaliser des choses, mais il faut aussi prioriser des secteurs. Et je crois que l'accès la justice mériterait un effort additionnel», a-t-il fait valoir.

M. Bouchard participait à un souper de financement pour la clinique Juripop, qui milite en faveur d'un plus grand accès à l'aide juridique. Le grand patron de l'organisme, Marc-Antoine Cloutier, a pressé Québec de faire le nécessaire pour améliorer ses programmes d'accès à un avocat.

Le ministre de la Justice de Pauline Marois, Bertrand St-Arnaud, était aussi présent. Il a réitéré la promesse péquiste écrite «noir sur blanc» d'ouvrir le programme d'aide juridique à davantage de citoyens de la classe moyenne inférieure. Mais lui aussi a souligné la complexité de la situation financière du gouvernement.

«J'ai l'intention de faire en sorte que nous respections cet engagement majeur», a-t-il affirmé dans une brève allocution. Mais «ce n'est pas simple, notamment avec le Conseil du Trésor», «la situation n'est pas rose, rose».

16 millions de plus

L'équipe du ministre St-Arnaud évalue à environ 16 millions de dollars le coût d'une telle modification au programme. «Sur un budget qui, juste pour la justice, dépasse les 800 millions», ce n'est pas un investissement très pesant, a-t-il expliqué.

En ce moment, une personne seule doit gagner moins de 13 500$ pour voir le gouvernement assumer l'entièreté de ses frais juridique, si son dossier respecte les autres critères du programme. Un travailleur au salaire minimal bénéficiant d'un emploi à temps plein est donc exclu. Un autre volet du programme permet à la classe moyenne de voir une partie des factures liées à une poursuite être remboursée.