Patrick Deschatelets est arrivé avec 10 minutes de retard à la gare de Saint-Basile-le-Grand, le soir du vendredi 22 février 2008. Un retard volontaire. Une femme l'attendait. Il l'a fait monter à l'arrière de sa voiture. Le ton était donné à cette fin de semaine de sadomasochisme, au cours de laquelle la femme devait gagner son «collier». Vingt-quatre heures plus tard, elle mourait asphyxiée par ce collier.

«C'est la femme que j'aimais», a lâché mercredi M. Deschatelets, la voix brisée, lorsqu'il a témoigné devant le juge Claude Prévost, au palais de justice de Longueuil. M. Deschatelets, pompier de Montréal, a été accusé de négligence criminelle et d'homicide involontaire. Son procès se tient depuis la semaine dernière. Mercredi après-midi, l'homme de 45 ans a commencé à témoigner pour sa défense. Il a raconté à voix basse, avec une grande nervosité et une gêne manifeste, les événements qui ont entouré la mort de celle que nous appellerons Lucie. Un interdit de publication nous empêche de dévoiler le nom de la femme.

Une passion commune

M. Deschatelets est adepte de sadomasochisme. Lucie partageait sa passion. Ils se sont rencontrés environ quatre mois avant les événements tragiques. Ils ont commencé à se fréquenter et s'adonnaient au sadomasochisme environ une fois par semaine, selon M. Deschatelets, résidant de Saint-Bruno. Lucie était une sportive, en pleine santé, selon lui.

Le fameux soir, le couple est arrivé au domicile de monsieur. Ils ont parlé un peu dans la cuisine. Lucie est montée se faire un lavement. Elle est revenue vêtue d'un simple tablier. Elle lui a servi un repas. Pendant qu'il mangeait, elle était agenouillée près de lui. Elle mangeait les bouchées qu'il lui donnait.

Après le souper, les deux ont fait des choses, puis l'homme lui a demandé d'aller prendre une douche, ce qu'elle a fait.

Plus tard, il lui a demandé de descendre au sous-sol et de l'attendre. Il n'est pas descendu tout de suite, pour «créer une tension, de l'anticipation», a-t-il expliqué. Il a fini par aller la rejoindre vers 23h. Il lui a attaché les pieds et les mains et les a reliés au collier qu'elle avait au cou, puis à une chaîne accrochée au plafond. Elle était couchée sur le ventre.

Cette nuit-là, ils ont fait différentes choses avant d'aller dormir. Le manège a recommencé le lendemain matin.

Lucie est retournée au sous-sol pendant un certain temps. Elle s'est endormie au bout de sa chaîne. Dans l'après-midi, l'homme l'a détachée et lui a demandé d'écrire ses sentiments sur l'internet. Lucie, qui avait toujours le collier au cou, a écrit tout l'après-midi, une lettre de six pages. «Lui, il me mène. Il me pousse à bout, je finis par baisser les bras. Je deviens faible, petite. Je ne suis plus rien et curieusement, jamais je n'ai été aussi heureuse», a-t-elle écrit notamment.

Sorti faire des courses

Vers l'heure du souper, l'homme devait sortir pour acheter des pâtes. Lucie est redescendue au sous-sol et monsieur l'a attachée de nouveau au cou, cette fois avec la «petite chaîne», qui laissait à Lucie environ 60 cm pour bouger. Elle était debout, les mains menottées à la taille. Il était environ 18h15. Lucie était en train de vivre ses derniers moments.

L'accusé doit poursuivre son témoignage aujourd'hui. On sait toutefois qu'il est sorti acheter les pâtes et qu'il a retrouvé Lucie inconsciente à son retour, vers 19h. Il a appelé les secours. Elle a été maintenue en vie à l'hôpital et est morte 16 heures plus tard.

L'accusé est défendu par l'avocat Jean-Paul Perron, et c'est Me Marie-Claude Morin qui occupe pour la Couronne.