Écoute électronique, micros, balises de localisation, agent d'infiltration et même fausse société de vitres teintées ayant son propre site internet; les enquêteurs de la Sûreté du Québec n'ont pas lésiné sur les moyens pour attraper l'intimidant Yannick Larose, qui a semé la terreur dans l'industrie des vitres teintées durant les années 2000.

Larose, 39 ans, a plaidé coupable, hier au palais de justice de Joliette, à cinq accusations de voies de fait et d'intimidation envers autant de ses anciens concurrents. Il a été condamné à 45 mois de pénitencier. En soustrayant la détention préventive, il lui reste 42 mois de prison à purger.

Larose a été arrêté en juillet 2009 au terme d'une longue enquête appelée Dictature. Les policiers ont fait la lumière sur une série d'actes de violence - menaces, voies de fait, incendies criminels, extorsion, vols et méfaits - commis entre 2003 et 2009 contre des propriétaires d'entreprises de vitres teintées. L'enquête a démontré que le commanditaire de ces crimes était Yannick Larose, qui était propriétaire de X Vitres teintées, de Repentigny, et qui cherchait par tous les moyens à obtenir le monopole de l'industrie.

Des victimes ont été sévèrement battues lors de rendez-vous demandés sous de faux prétextes. Pour l'un d'eux, un des suspects a même poussé l'audace jusqu'à se faire passer pour un policier qui enquêtait sur les actes de violence dans l'industrie. Certaines des victimes conservent des séquelles ou des craintes à la suite de ces attaques. D'autres ont subi d'importantes pertes financières.

L'artillerie lourde

Selon un résumé de Dictature déposé durant l'enquête sur le cautionnement de Larose, les policiers ont intercepté pas moins de 55 000 conversations pour l'attraper. Une vingtaine de lignes téléphoniques ont été écoutées, dont quatre téléphones appartenant au principal suspect. Un micro avait été placé dans sa voiture et un autre dans une pièce. Quatre balises de localisation ont aussi été installées dans quatre véhicules de suspects, dont deux utilisés par Larose.

L'imagination policière ne s'est pas arrêtée là. Un agent d'infiltration a également été «placé» auprès de Larose. Il avait pour mandat de visiter ses clients et de distribuer ses cartes professionnelles. Les policiers ont également créé une firme fictive de vitres teintées qui avait son propre site internet et qui devait, vraisemblablement, servir d'appât.

Mais Larose demeurait tout de même très méfiant. C'est après avoir ciblé l'un de ses complices, Patrick Noël, que les policiers ont enfin eu tous les éléments en main pour coffrer leur cible. Sentant la soupe chaude, Yannick Larose est cependant parvenu à fuir au Mexique et est revenu au Québec plusieurs mois plus tard pour se rendre.

Des sources avaient fait état à la police de liens entre Yannick Larose et les Hells Angels Mario Brouillette et Normand Marvin Ouimet, mais rien de tel n'a été constaté durant l'enquête.