Suspendu sans solde par Service correctionnel Canada après l'ouverture d'une enquête criminelle, le présumé meurtrier Andy St-Gelais a continué à travailler comme enseignant suppléant dans une école secondaire de Saint-Jérôme jusqu'à la semaine dernière, a appris La Presse.

M. St-Gelais a même été arrêté mercredi à l'école Saint-Stanislas, qui accueille 750 élèves. Il enseignait lorsqu'un membre du personnel lui a demandé de sortir de la classe. Des policiers l'attendaient.

La Sûreté du Québec (SQ) avait M. St-Gelais et sa présumée complice dans leur ligne de mire depuis déjà un bon moment pour un meurtre commis le 24 juin dernier. Le corps calciné de Linda Bonnette, serveuse de 50 ans, a été retrouvé au petit matin à Blainville.

La voiture des accusés a été remorquée par des policiers il y a quelques semaines, selon des voisins.

«Ce n'est pas normal que la commission scolaire ne soit pas avertie quand les services correctionnels le sont. C'est un non-sens», a dénoncé un parent d'élève en entrevue téléphonique. «Comme [les autorités] ont averti le service correctionnel, le risque était important.... Alors, comment peut-il ne pas l'être quand le suspect est enseignant dans une école secondaire et qu'il est en situation d'autorité sur de jeunes adolescents?»

Le syndicat des employés de la commission scolaire Rivière-du-Nord a eu la confirmation par l'administration scolaire que M. St-Gelais avait été arrêté à l'école Saint-Stanislas. «Il faisait une suppléance cette journée-là», a confirmé Jean Dumais, président du syndicat.

Sans commenter le cas précis, la SQ a confirmé à La Presse que certains employeurs peuvent exiger d'un candidat qu'il présente un certificat démontrant que son dossier criminel est vierge. Un tel document peut être délivré par tous les postes de police locaux. Toutefois, «il n'y a rien d'écrit nulle part» tant que les accusations ne sont pas formellement déposées, a expliqué le sergent Ronald McInnis, de la SQ.

La commission scolaire Rivière-du-Nord n'a pas rappelé La Presse.

Irritable et impatient

Service correctionnel Canada n'a pas tardé avant de suspendre son employé Andy St-Gelais. «Dès qu'on a eu vent de cette affaire, il y a un certain temps, l'individu a été suspendu sans solde», a indiqué la semaine dernière le porte-parole régional Serge Abergel, sans toutefois confirmer son identité. Des sources fiables ont affirmé à La Presse que l'accusé travaillait à cet endroit.

Andy St-Gelais oeuvrait en même temps à la commission scolaire Rivière-du-Nord depuis un certain temps déjà, selon un parent d'élève de l'école Saint-Stanislas.

«Il avait souvent des suppléances. C'est une figure que [les élèves] voyaient tous les jours à l'école», a-t-il affirmé. Il a ajouté qu'il aurait aussi travaillé à l'école l'année dernière. «C'est un gars qui était tout le temps sur le qui-vive. Il était irritable et très impatient. C'est ce que les enfants me disaient.»

Le président du syndicat des employés de la commission scolaire, pour sa part, affirme ne pas connaître Andy St-Gelais. Le syndicat ne possède pas de dossier à son nom et il n'a pas signé sa carte de membre du syndicat.

«On peut penser que ça faisait possiblement peu de temps, parce que personne [au syndicat] ne le connaissait», a-t-il affirmé.

- Avec Catherine Handfield