Le fait que Julien Leclerc porte des tatouages faisant la promotion de la suprématie blanche démontre qu'il adhère à cette idéologie. Le juge Pierre Labelle en est convaincu. Mais la Couronne n'a pas réussi à démontrer hors de tout doute que c'est par haine raciale que Leclerc a attaqué des gens d'origine arabe ainsi qu'un Noir, dans la nuit du 24 août 2008.

C'est pourquoi le juge Labelle a condamné Julien Leclerc à trois ans de prison, mercredi, à Montréal. La Couronne réclamait une peine plus sévère pour l'homme de 23 ans, au motif qu'il s'agissait de crimes haineux. Mais le juge estime que le motif haineux n'a pas été démontré hors de tout doute raisonnable. Au terme de son procès dans cette affaire, Leclerc avait été déclaré coupable de voies de faits graves, de voies de fait et de méfait sur un taxi.

Cette nuit-là, en sortant d'un bar du centre-ville, Leclerc et un ami alors mineur s'en sont pris à un groupe d'origine d'arabe qu'ils ont croisé. À un certain moment, pendant que Leclerc retenait Moussa Daoui, son ami, qu'on ne peut nommer parce qu'il avait 17 ans, lui tailladait la tête avec un rasoir. Un autre jeune d'origine arabe a été poignardé. Leclerc et son complice se sont ensuite enfuis dans un taxi. Ils s'en sont pris au chauffeur, qui était noir, en lui donnant des coups de poing et en abîmant sa voiture. Leclerc et son ami ont été arrêtés peu après.

Gravement blessé, M. Daoui, alors âgé de 22 ans, a dû avoir une cinquantaine de points de suture.

Les tatouages

Leclerc porte plusieurs tatouages, dont les mots «White Power» sur le bras droit, deux croix gammées, le chiffre 8 en référence à la huitième lettre de l'alphabet, c'est-à-dire le H (pour Heil Hitler), une fleur de lys en feu avec la mention «Québec blanc»... Un expert a expliqué la signification de ces tatouages, associés au nazisme et à la suprématie blanche. Mais ce n'est pas suffisant aux yeux du juge. Il aurait fallu un lien entre les croyances et les faits, pour en faire un facteur aggravant comme le voulait la Couronne, a fait valoir le magistrat.

Le juge a calibré sa peine en tenant compte de certaines circonstances atténuantes, comme le fait que l'accusé s'est éloigné de Montréal, qu'il semble avoir une forme de regrets et qu'il est maintenant père d'un jeune enfant.