Il y a six jours, il s'est trouvé sur le chemin d'un individu armé et déterminé à atteindre le rassemblement péquiste du Métropolis, qui mettait en vedette la première femme élue au poste de premier ministre du Québec. Aujourd'hui, de nombreux dignitaires sont attendus aux obsèques de Denis Blanchette, technicien de scène tué dans la tentative d'attentat du 4 septembre dernier.

Les funérailles civiques de M. Blanchette auront lieu cet après-midi à l'église Saint-Donat, dans l'arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve, à Montréal.Pauline Marois a déjà fait savoir qu'elle comptait assister à la cérémonie.

Jean Charest, pour sa part, n'y prendra pas part. «Raymond Bachand représentera le gouvernement», a indiqué à La Presse Hugo D'Amours, attaché de presse du premier ministre.

La famille sereine

La famille de la victime a été consultée avant que des funérailles officielles soient annoncées. Les proches de Denis Blanchette ont accepté l'offre formulée par Pauline Marois.

«C'est pour lui rendre hommage», a expliqué Ginette Jean, mère de la victime, à Radio-Canada Gaspésie. La résidante de Carleton-sur-Mer a affirmé qu'elle et ses proches n'entretenaient pas de haine envers Richard Bain, accusé du meurtre de Denis Blanchette. Il a été arrêté le soir de l'attentat.

«On n'a aucune agressivité, rien. Celui qui a fait ça, c'est un malade. On se ferait du mal à le haïr ou n'importe quoi, ça ne nous redonnera pas Denis», a-t-elle affirmé.

Question de protocole

Selon Louis Dussault, grand expert en matière de protocole au Québec, il était tout à fait opportun d'organiser des funérailles officielles à la mémoire de M. Blanchette.

«Le geste qu'il a posé, le fait de protéger la nouvelle première ministre, ça nous concerne tous», a expliqué l'expert. «C'est un individu qui a fait un geste ayant une portée nationale. C'est rare.»

Concrètement, des employés de l'État prendront la charge de tout le volet public de la cérémonie, de la gestion des dignitaires à la présence des médias, a expliqué M. Dussault. Le gouvernement devrait aussi assumer la facture des obsèques.

Professeur à l'UQAM et auteur, Louis Dussault était responsable du protocole de la Ville de Montréal en 1989 lors des funérailles officielles des victimes de la tuerie de Polytechnique. Il a fait comprendre à la grande majorité des familles des jeunes femmes tuées que le caractère officiel des funérailles leur permettrait de vivre leur deuil de façon plus normale.

«L'argument que j'ai toujours utilisé, c'est qu'en vous aidant à gérer l'aspect public, vous allez pouvoir vivre votre deuil en privé», a-t-il indiqué.

L'église Saint-Donat est située au 6805, rue de Marseille, près de l'intersection du boulevard Langelier. La cérémonie funéraire aura lieu à 14h.