Richard Henry Bain possédait 22 armes, dont 21 enregistrées. Il en avait cinq avec lui au moment des crimes qu'on lui reproche, mardi soir dernier: deux dans les mains et trois dans son véhicule.

C'est ce qu'on a appris ce midi, après que l'homme de 62 ans eut brièvement comparu devant le juge Pierre Labelle, au palais de justice de Montréal. Il fait face à 16 accusations, dont le meurtre prémédité de Denis Blanchette, trois tentatives de meurtre, possession de matières incendiaires et incendie criminel, ainsi que plusieurs chefs liés à la possession et au mauvais entreposage d'armes à feu et de munitions. Parmi les armes, on trouve une carabine Ceska Zbrojovka, un Beretta 9 mm Luger et un revolver 357 M.

L'auteur présumé de l'attentat du Metropolis est arrivé au palais dans une voiture banalisée de la Sûreté du Québec. Une larme coulait sur sa joue droite, comme le démontre la photo prise par Patrick Sanfaçon, photographe à La Presse. Il portait encore sa chemise d'hôpital et la combinaison blanche que les policiers donnent aux prévenus après avoir saisi leurs vêtements comme pièces à conviction. Les autorités lui ont fourni des vêtements puisqu'il est ensuite entré dans la salle d'audience vêtu d'un pantalon de jogging bleu marin et d'un t-shirt blanc. M. Bain, qui a été hospitalisé dans la journée de mercredi, portait encore son bracelet d'hôpital et un pansement à un bras, semblable à ceux qu'on applique après des prises de sang ou des perfusions.

Il a jeté des regards dans la salle, puis son avocate, Me Elfride Duclervil, est entrée dans le box pour s'entretenir avec lui quelques secondes. Il a répondu calmement à Me Duclervil. À un certain moment, il a esquissé un bref sourire.

L'audience, qui n'a duré qu'une minute ou deux, s'est déroulée en anglais. Dans la salle se trouvaient des amis et des relations de la victime, Denis Blanchette, dont son filleul. Une fois la séance levée, ils ont quitté la salle rapidement. M. Bain doit retourner devant la Cour le 11 octobre, afin de fixer une date pour la suite du processus judiciaire.

Lors d'un point de presse, par la suite, la procureure de la Couronne Éliane Perreault a indiqué que l'enquête était toujours en cours et qu'il pourrait y avoir d'autres accusations. Pour le moment, il n'y a rien en lien avec un quelconque complot contre Pauline Marois, qui a été élue première ministre du Québec mardi.

Rappelons que le drame s'est produit aux alentours de minuit, alors que Mme Marois venait de prendre la parole après sa victoire. Armé, cagoulé et vêtu d'un peignoir par-dessus ses vêtements, M. Bain aurait tenté de pénétrer dans le Métropolis par une des portes arrière. M. Blanchette et son collègue Dave Courage se sont trouvés sur son chemin, et ont été frappés, vraisemblablement par la même balle. M. Blanchette est mort, tandis que M. Courage a été grièvement blessé, mais sa vie n'est plus en danger.

Selon l'acte d'accusation, Bain a aussi tenté de tuer Elias Ames-Bull de même que le sergent Stéphane Champagne, qui a couru après lui pour l'arrêter. Les deux n'ont heureusement pas été blessés. Avant d'être immobilisé, M. Bain aurait aussi mis le feu devant la porte. L'acte d'accusation signale qu'il était en possession de bidons d'essence et de fusées de signalisation.

L'homme souffrirait de problèmes psychiatriques, mais il n'en a pas été question lors de la comparution. Me Perrault a indiqué que l'accusé était en état de comparaître, qu'il comprenait. Malgré cela, il est fort probable que l'état mental de l'accusé sera l'enjeu majeur dans la suite du processus judiciaire.

Bain, retraité depuis quatre ans d'une entreprise de l'est de Montréal, n'avait pas de casier judiciaire. Il demeure à La Conception, où il exploite une petite pourvoirie de pêche, au lac Wade. Il a une propriété depuis 1989 à cet endroit. Mercredi, les policiers de la SQ ont perquisitionné à son domicile.

Archives La Presse, Patrick Sanfaçon

Richard Henry Bain quelques jours après son arrestation.